Bien sûr, comme toutes les marques automobiles, qu’elles le veuillent ou non, Jeep doit amorcer sa révolution électrique. Mais c’est sans doute plus difficile pour elle, vu son pedigree qui en fait une icône auprès des Red necks texans, avides de bons gros 4x4 glougloutant au possible. Voilà pour le cliché. Dans les faits, depuis son intégration au sein du groupe italien FCA dans un premier temps et français Stellantis dans un deuxième temps, elle a vu son centre de gravité se déplacer vers l’Europe, où ses parts de marché restent faibles (± 0,9%) même si ses ventes y ont été multipliées par 7 entre 2010 et 2022. N’en reste pas moins que pour assurer son avenir commercial, l’électrification est un passage obligé. Mais jusqu’à présent cette électrification passait surtout par du plug-in rechargeable sur les Renegade, Compass et Wrangler. Le nouveau Grand Cherokee, arrivant cet été, adopte aussi cette technologie PHEV. Mais avec l’Avenger, une étape supplémentaire est donc franchie.
Carrosserie & Dimensions - Jeep Avenger
Son appartenance au groupe Stellantis permet à Jeep d’avoir accès à la plate-forme e-CMP2 qu’utilisent déjà notamment les Peugeot e-2008, Opel Mokka Electric et DS3 E-Tense. Mais Paris lui a donné l’autorisation de passablement la modifier, si bien que 60% de ses composants sont, paraît-il spécifiques à l’Avenger. Il en résulte un petit crossover qui n’excède pas 4,08 m, ce qui le positionne sous le Renegade (4,24 m). Il devient ainsi le crossover du segment B le plus compact, d’une longueur similaire à celle d’une Peugeot 208 (4,06 m) par exemple. C’est sans doute le résultat de porte-à-faux très courts, ce qui permet à Jeep d’avancer des angles de franchissement avantageux (attaque, ventral et de fuite de respectivement 20, 20 et 32°) et ainsi de jouer la carte de l’aventurier, même si l’Avenger reste évidemment une simple traction. Dans le même ordre d’idée, la garde au sol est portée à 20 cm, ce qui, sans parler de franchissement, pourra s’avérer utile, ne serait-ce que pour affronter un réseau routier en état déplorable ou une jungle plus urbaine que tropicale.
Intérieur & Coffre – Jeep Avenger 2023
Il est difficile de parler de miracle en termes d’habitabilité dans un véhicule si compact. Néanmoins, il faut admettre que les deux occupants avant sont choyés et n’ont pas l’impression de se trouver à bord d’un engin si court. L’habitabilité y est bonne dans toutes les directions et la position de conduite n’appelle aucune critique. Certes, l’assise des sièges est un peu courte (elles aussi…), mais comme il ne s’agit pas d’une voiture dans laquelle on va enchaîner les heures conduites, cela ne pose pas de problème. Et puis la hauteur d’assise un peu surélevée fait qu’on accède facilement à bord, sans devoir ni grimper ni se laisser tomber sur le siège. À l’arrière, il en va bien sûr autrement même si la situation n’est pas aussi critique qu’on aurait pu le croire. Derrière des occupants avant prenant un peu leurs aises, le rayon aux genoux apparaît limité, mais pourtant, 3 adultes peuvent prendre place pour de courts trajets, expérience vécue. Et la garde au toit se montre acceptable. Pour une famille de deux parents et deux enfants, cela ne posera en tout cas pas de soucis, tandis que le coffre propose 355 litres, ce qui s’avère être dans la norme des concurrents du segment. Dommage simplement qu’une partie de la batterie étant placée sous la banquette (l’autre étant située sous les sièges avant), il devient impossible de disposer d’une banquette coulissante ou d’un plancher plat lorsque le dossier est rabattu. Par ailleurs, s’il présente bien et s’avère globalement ergonomique, car il garde quelques boutons physiques d’accès aux menus principaux, dont la climatisation, le tableau de bord (proposant 34 litres de rangements) souffrait sur notre exemplaire d’essai d’une finition quelconque et de matériaux de piètre qualité. Il paraît qu’il s’agissait de modèles de préproduction qui doivent encore être affinés. On verra donc par la suite.
Spécifications & Performances – Jeep Avenger 2023
L’Avenger dispose d’une batterie lithium-ion NMC de 54 kWh bruts, 51 effectifs, alimentant un seul moteur électrique affichant 115 kW (soit 156 ch) et 260 Nm, fonctionnant sous 400 V. Son autonomie WLTP est annoncée à 400 km (550 km en cycle urbain). Le poids de l’ensemble apparaît fort contenu, puisque l’Avenger n’affiche «que» 1500 kg sur la balance, ce qui, pour un véhicule électrique, doit être considéré comme raisonnable. Vu aussi la faiblesse relative de sa surface frontale et un Cx de 0,33, ses caractéristiques aérodynamiques se montrent favorables, si bien que la consommation moyenne WLTP se contente de 15,6 kWh/100 km. On verra qu’il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit.
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Conduite – Jeep Avenger 2023
Jeep semble avoir mis le paquet sur la qualité des suspensions et notamment leurs capacités de filtrage, étonnantes de confort en l’occurrence. Malgré une garde au sol élevée, jamais l’Avenger ne prend trop de roulis, se cabre ou plonge exagérément, lui permettant de rester agile en toutes circonstances. Les suspensions raidies maîtrisent ainsi bien les mouvements de caisse, sans dégrader le confort de roulage. Sans doute sont-elles bien aidées en cela par la masse globale plutôt contenue. Comme quoi, le poids c’est effectivement souvent l’ennemi. Agile et précis, l’Avenger tourne aussi quasi sur place avec son diamètre de braquage de 10,5 m, ce qui en fait un engin redoutable d’agrément en ville. Sur les modes de conduite Normal et Sport, l’Avenger dispose de l’intégralité des ressources de son moteur, 156 ch et 260 Nm rappelons-le, ce qui lui permet un certain dynamisme et une réponse immédiate à l’accélérateur. Il est ainsi tout à fait apte à arpenter les grands axes, voire l’autoroute, même si ne n’est pas ce qu’il préfère. Sur le mode Eco, puissance et couple sont logiquement largement réduits, bien qu’une pression franche sur l’accélérateur réactivera automatiquement l’ensemble des ressources en cas d’urgence. À l’usage, il faut reconnaître que dans son biotope urbain et périurbain, l’Avenger est agréable à conduire, confortable et réactif. Et que dans la jungle urbaine, il est bien pourvu en protections périphériques diverses. Notre consommation moyenne s’est en outre de fait établie à 15 – 16 kWh/100 km, ne faisant pas mentir pour une fois les données WLTP. A noter que la pompe à chaleur est proposée de série. Dans ces conditions, l’autonomie de 400 km semble assez réaliste même si on sait qu’une électrique est extrêmement sensible au style et aux conditions de conduite. Dans le cadre d’un usage quotidien, l’Avenger remplit ainsi sans peine son objectif de voiture du ménage. À ce sujet, Jeep Belgique avance qu’environ 40% des 800 commandes fermes enregistrées suite au salon de janvier proviennent de particuliers. On aurait peut-être juste souhaité des capacités de régénération étendues, car elles sont en l’occurrence assez timides.
Autonomie & Options de recharge – Jeep Avenger 2023
On l’a dit, l’Avenger ne ment pas trop sur son autonomie théorique, annoncée à 400 km. Dans des conditions favorables (météo et style de conduite adapté essentiellement), elle s’en rapprochera effectivement, ce qui est tout à son avantage. De plus, ses capacités de recharge s’avèrent intéressantes avec un chargeur embarqué acceptant de série du 11 kW (triphasé) en courant alternatif et 100 kW en continu sur une borne rapide. De quoi paraît-il récupérer 30 km d’autonomie «le temps de boire un espresso», soit 3 minutes. Il faudra donc en boire plus de trois pour retrouver 100 km de rayon d’action.
Prix belges – Jeep Avenger 2023
Le prix de départ pour la gamme Avenger en version de base commence officiellement à 38.500 €. Il monte à 39.500 € pour la finition Longitude et à 41.500 € pour la Latitude. La première dispose des jantes de 16 pouces en acier, des phares LED, d’un régulateur de vitesse, d’une aide au maintien dans la voie (vite horripilante au passage…), du système U-Connect avec fonction Apple, Car Play et Android Auto, de l’écran de 7 pouces derrière le volant, associé à l’écran central de 10,25 pouces. Mais aussi de la climatisation automatique, du Selec-Terrain (6 modes de conduite, y compris en tout-chemin : mud, snow, etc…) et du Hill Descent Control. La version Longitude y ajoute essentiellement les jantes en alliage de 16 pouces, le radar de recul et les rétros dégivrants. Quant à l’Altitude, elle passe aux jantes de 17 pouces, à l’écran de 10,25 pouces derrière le volant, au hayon mains libres et à l’accès sans clé. Il existe encore une version haut de gamme Summit à 43.500 € qui inclut un chargeur de GSM par induction, un éclairage d’ambiance LED paramétrable, une planche de bord jaune, une caméra 360°. S’agissant d’une voiture électrique, l’Avenger semble donc proposer un bon rapport prix/équipement, même si la mise de départ semble conséquente malgré tout. Mais «Jeep n’a pas vocation à être une marque low cost» comme nous l’a précisé l’un de ses responsables.
Verdict du Moniteur Automobile – Jeep Avenger 2023
Cette courte, mais variée prise en main nous a permis de découvrir en l’Avenger un petit engin urbain et périurbain très homogène et cohérent. Sa suspension semble avoir fait l’objet d’un développement soigné, en ce sens que l’agrément de conduite est présent (les mouvements de caisse sont bien maîtrisés) sans nuire au confort (grâce à un bon filtrage). Les performances sont suffisantes vu la vocation et la consommation paraît maîtrisée. Ce qui n'est évidemment pas sans influence sur l’autonomie réelle. Pour tenter d’être fidèle à l’ADN de sa marque, il est de surcroît capable de petites excursions hors des sentiers battus (porte-à-faux réduit, garde au sol augmentée, programmes de conduite spécifique Selec-Terrain,…). Au sein des petits SUV du segment B entièrement électriques, où il affronte une rare concurrence, la plus sérieuse venant de son propre groupe, il tire largement son épingle du jeu. Seuls les chinoises MG ZS EV ou MG4 paraissent encore mieux tarifés. Mais le Jeep dégage un autre parfum, en tout cas que ce premier.
- Petit crossover intelligent et abouti (capacités de recharge)
- Consommation et autonomie réelles intéressantes
- Rapport prix/équipement
- Qualité de certains matériaux
- Finition à améliorer
- Habitabilité arrière (rayon aux genoux)
Dans cet article : Jeep, Jeep Avenger
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