Dans un entretien qu’il a accordé à une dizaine de journalistes européens, membres du consortium AutoBest dont le Moniteur Automobile fait partie, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a fait preuve de son franc parler habituel, loin de la langue de bois et des discours feutrés, filtrés, formatés et soumis au diktat des «communicants» auxquels on a trop souvent droit. Ainsi, à la question de savoir quelle était la position de son groupe par rapport aux ventes en ligne que des marques chinoises commencent à mettre en œuvre en Europe, sans passer par des réseaux de concessionnaires (Lynk & Co, Polestar, et d’autres…), il a ainsi affirmé qu’il y croyait beaucoup et que de telles ventes allaient se multiplier pour les différentes marques de sa constellation. Question subsidiaire: «Oui, mais ces marques chinoises ne doivent pas composer avec des réseaux de concessionnaires, puisqu’elles n’en ont pas, c’est plus simple pour elles. Vous, vous en avez des centaines. Si les ventes en ligne se développent, que vont-ils devenir?» Réponse: «Ce sera la loi de Darwin qui s’appliquera, les plus forts s’adapteront, les autres disparaîtront…» Autrement dit, ce n’est pas mon problème. Réponse claire et nette. Brutale. Prononcée sourire Pepsodent aux lèvres, presque accompagnée d’une tape amicale sur l’épaule, comme si l’on parlait de la pluie et du beau temps ou d’un souvenir de vacances. Celui qui passe pour le redresseur de PSA, celui qui a remis Opel dans le vert et qui, avec Stellantis, a créé l’un des plus grands groupes automobiles mondiaux est un homme providentiel, au charisme et à l’intelligence hors-normes certes, mais qui ne prend pas de gants ni de détours pour atteindre ses objectifs. Cela dit, il a aussi évoqué le problème plus sociétal de la mobilité individuelle des classes moyennes dans un contexte d’avènement forcé de la voiture électrique. Car le VE que l’on veut imposer à tous n’est pas à la portée de tous, justement. Et ça, ça l’inquiète. Sans doute moins par compassion que pour le risque de voir entravée la diffusion de ses voitures électriques, justement. Pourtant, c’est un vrai sujet de société. En 2035, tout le monde devra rouler électrique en Europe, cela a été annoncé officiellement par la Commission. Mais tout le monde en aura-t-il les moyens? Et là, on aborde un vrai débat de fond, qui doit être tranché par le politique: demain, la mobilité individuelle (automobile), électrique, donc, sera-t-elle encore à la portée du plus grand nombre ou réservée à une élite financière, économique? Va-t-on vers une mobilité à deux vitesses? Et quel sera le modèle économique d’une entreprise contrainte de produire des voitures que peu pourront se payer, même si le coût des VE devait être appelé à baisser avec les évolutions technologiques? Nos décideurs politiques ont-ils seulement la réponse?
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