Le hasard fait parfois bien les choses. La preuve avec ce nouveau numéro du Moniteur Automobile qui met à l’essai deux représentantes historiques d’une certaine idée du plaisir de conduire, un plaisir très typé US. Vous savez, celui qui veut que «rien ne remplace les cm3», ou plutôt les «cubic inches» en l’occurrence. La Corvette, avec cette huitième génération, opère sa révolution copernicienne en faisant passer son V8, toujours atmo et absolument pas électrifié, d’une position centrale avant à une position centrale arrière. Du jamais vu depuis 1953, à part l’une ou l’autre étude d’ingénieur sans grand lendemain. Et de l’autre côté, une Mustang Mach 1 chargée de nous rappeler que Ford fait encore – mais pour combien de temps? – des V8 purs et durs, sans états d’âme, dans le plus pur esprit des pony cars d’antan, une race d’automobile semble-t-il vouée à entrer dans les archives de l’histoire, où trônent déjà des Plymouth Hemi Cuda, Mercury Cougar, Pontiac Firebird et autres Camaro ou Challenger… Heureuse époque des sixties où le monde d’alors semblait immuable, plongé dans l’insouciance du moment et où l’on pensait que les lendemains chanteraient pour toujours. On sait aujourd’hui ce qu’il en est. Merci donc à elles deux de s’ériger en dernières représentantes d’une certaine idée de la passion automobile à l’heure où l’on se retrouve biberonné à la voiture électrique parfois jusqu’à la nausée. Non pas que cette technologie soit inintéressante, mais on constate aujourd’hui un hiatus grandissant entre l’offre proposée par les marques, qui n’ont en fait pas d’autre choix que de se lancer dans cette voie puisqu’elle est imposée par une volonté politique souvent aveugle, et la demande de l’acheteur particulier, qui n’a que faire de ces monstres électriques de 500 ou 600 ch et plus de 2 tonnes proposés souvent à des prix indécents et sur lesquels il semble de bon ton de s’extasier. Aujourd’hui, le père ou la mère de famille qui a besoin d’une voiture pour les déplacements familiaux n’a pas forcément les moyens (ou le désir) de sortir 60, 70 ou 100.000 euros pour ça. Or, pour l’essentiel, c’est ce que nous proposent les marques, premiums essentiellement, qui ne semblent pas habiter la même planète financière que nous. Alors, bien sûr, ces dernières représentantes du monde d’avant ne sont pas non plus à la portée de la première bourse venue. Mais elles ont au moins ce petit supplément d’âme qui fait la différence. Raison de plus pour en profiter, tant qu’il est encore temps. Car demain, le son, la musique d’un V8 à 7.000 tours risque de ne plus pouvoir s’écouter que sur Spotify, au travers des enceintes d’un cocon électrique coupé du monde. Vision d’apocalypse? Peut-être pas. Mais vision d’un autre monde, ça c’est sûr…
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