Edito / Je rêvais d’un autre monde...

L’autre soir, sur une terrasse de café imaginaire baignée d’un soleil inexistant, entouré d’amis virtuels et riant des facéties d’un petit chat tout mignon sur Facebook, je me suis mis à rêver d’un autre monde, «d’une autre Terre, qui resterait un mystère, une Terre moins terre à terre, oui, je voulais tout foutre en l’air…» Dans ce monde imaginaire, le soleil brillait pour de vrai, les terrasses étaient pleines de monde, un air de musique «live» s’échappait de la fenêtre ouverte d’un troquet dans lequel les garçons se frayaient un chemin à travers des foules en liesse, dansant sur les tables. Un monde vivant. Un monde social. Un monde insouciant dans lequel les experts n’avaient pas encore quitté leurs labos ni leurs amphis pour squatter full time les plateaux de télé. Il paraît que c’était le monde d’avant. D’avant ce corona-machin dont le pouvoir de nuisance est inversement proportionnel à sa taille. Sur ma terrasse imaginaire, je finalisais la retranscription de l’interview que nous a accordé Luca de Meo, le nouveau boss de Renault. Pragmatique, il nous disait en substance qu’en bon gestionnaire, il devrait mettre fin à la carrière de modèles peu ou pas rentables. Exit, donc les Twingo, Talisman, Espace… Mais il faisait une exception pour Alpine, dont les ventes actuelles chutent pourtant drastiquement. Il voulait, au contraire, nous disait-il, pérenniser la marque. Avec Lotus. Et en l’électrifiant. On verra. Mais celui qui était aussi à la base de la résurrection de la Fiat 500 croit apparemment aux mythes, au point de vouloir ressortir le concept de Renault 5. Qui sera à l’avenir elle aussi électrique. Les premières photos sont prometteuses. Et là, on se reprend à rêver. Pas au fait d’imaginer une R5 ou une Alpine électrique, non. Mais plutôt une nouvelle R5 Turbo, genre Maxi, à essence et tout et tout, digne descendante de celle des années 80. Internet s’est d’ailleurs vite emparé du projet. Et l’espoir de renaître. L’espoir d’un horizon moins bouché, moins politiquement correct, moins pudibond, moins culpabilisant et plus épicurien que celui qui est le nôtre aujourd’hui. La passion restera-t-elle le moteur de l’automobile? Nous le pensons. Car quitte à se déplacer, autant le faire avec classe et plaisir, si possible. Et laissons les boîtes à chaussures électriques et autonomes à ceux qui sont étrangers à cette passion… Ce n’est pas plus – ou moins – respectable, c’est différent, c’est tout. Il doit y avoir de la place pour tout le monde. Mais tant qu’un gestionnaire avisé comme M. de Meo continuera à parler d’Alpine, il y aura de l’espoir. Vous savez, celui qui fait vivre…