L’électrique a le vent en poupe et la plupart des constructeurs se lancent dans des plans annonçant une stratégie qui, à court terme, fera la part belle, voire exclusive, aux véhicules à batterie. Jamais dans l’histoire de l’automobile on a assisté à un basculement aussi radical d’une technologie «fossile» à une autre à laquelle personne ne croyait, ou presque, il y a 10 ans à peine. Elon Musk avait bien secoué le cocotier, mais celui qui passait comme un farfelu est aujourd’hui vu comme un modèle par les états-majors des marques traditionnelles, soudainement conscients du retard accumulé et de la dépendance à la Chine pour l’approvisionnement en batteries dans laquelle leur volonté de rattraper ce retard industriel dans l’urgence les a plongés. Le groupe Volkswagen, pour ne prendre qu’un exemple, a ainsi communiqué sur son intention de se lancer dans un grand projet de construction de 6 «gigafactories» en Europe, son patron n’hésitant pas à reprendre un terme cher à Tesla. L’idée de Volkswagen étant bien sûr de s’affranchir de sa dépendance à la Chine dans sa volonté de devenir numéro 1 de la voiture électrique et de répondre à l’Américain, tout occupé, lui, à construire une méga-usine de batteries en… Allemagne! L’exemple de Volkswagen n’est pas unique, mais il est révélateur d’un basculement inédit de l’industrie automobile vers une technologie en plein développement et encore remplie de pas mal d’inconnues. Mais comme le disait le patron du groupe allemand, Herbert Diess, «l’électrique est la seule solution pour réduire drastiquement les émissions de CO2 liées à la mobilité». Bref, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un choix consenti, mais imposé par des législations de plus en plus contraignantes. À en croire les déclarations des différentes marques, d’ici 2030 environ, exit le thermique, l’électricité règnera en maître. Face à cet emballement qui s’appuie sur la force des départements Recherches & Développement abreuvés de budgets sans fond ou presque, on se dit que le secteur sera prêt à l’échéance. Mais le politique le sera-t-il, lui? L’approvisionnement en électricité sera-t-il capable de suivre une demande qui va épouser une courbe exponentielle? Va-t-on sortir enfin de ce capharnaüm que constituent les modes de recharge, les prises publiques et domestiques, les formules d’abonnement, les tarifs, les cartes non compatibles…? Le secteur bancaire avait réussi cette harmonisation en fusionnant les réseaux Mister Cash et Bancontact à l’aube des années 90 et en permettant au client d’une banque A de retirer de l’argent dans une banque B. Tant que la voiture électrique n’aura pas un accès aussi facile à diverses sources d’approvisionnement, les efforts des constructeurs automobiles pour (tenter d’) attirer le client vers la voiture électrique resteront vains. Et sur ce point, ils ne peuvent jouer seuls; ils ont besoin d’un écosystème uniformisé dont l’émergence ne peut être que le résultat d’une volonté politique à l’échelle européenne. Et non pas subrégionale, comme cela se pratique pourtant dans une Belgique morcelée…
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