Après deux ans d'absence, le grand cirque de la F1 effectuait son retour au Canada devant le public québécois ravi de pouvoir à nouveau arpenter les travées du circuit Gilles Villeneuve pour admirer les monoplaces les plus rapides du monde. Majoritairement ensoleillé, à l'exception notoire des qualifications, ce Grand Prix du Canada aura valu le détour. certes Max Verstappen a remporté sa sixième victoire en neuf courses cette année et conforté son leadership, mais des qualifications atypiques, un Carlos Sainz revigoré et des Alpine en forme auront suffi à animer une course qui aura respecté la tradition avec la sortie - à une seule reprise - de la voiture de sécurité. Toutefois, derrière le résultat brut se cache une autre, dure, réalité : la Ferrari est intrinsèquement aussi, voire plus, rapide que la RedBull sur un tour et même sur de longs relais, mais la monoplace autrichienne va trop vite en ligne droite pour pouvoir être battue... La voie d'un second titre serait-elle déjà définitivement ouverte pour Max Verstappen dont le principal rival reste son équipier... pointé à 46 unités au championnat Pilotes ?
Résumé du grand prix
Au tour de Max Verstappen de signer une pole incontestable, sur une piste humide et séchante mais pas encore suffisamment pour permettre de chausser les slicks. Surprise, ce n'est pas la Ferrari de Charles Leclerc qui se place aux côtés de la Red Bull #1 sur la grille de départ. Le Monégasque a sacrifié ses qualifications pour optimiser les réglages "course" en raison de plusieurs pénalités pour changements de différents éléments de son unité de puissance qui le relèguent en fond de grille. C'est donc Fernando Alonso, particulièrement en verve, qui complète la première ligne devant Sainz et Hamilton. Pourtant, il apparaît clairement que l'Espagnol dont Verstappen devra se méfier est le plus jeune des deux, tant la Ferrari s'est révélée compétitive et consistante sur les longs relais en essais libres. Le pilote Red Bull prend un excellent départ et conserve sa première place tandis qu'il faudra plusieurs tours à Sainz pour se débarrasser de son ainé asturien et partir à la chasse au taureau rouge. Le pilote Ferrari prend les commandes lorsque Verstappen effectue un premier arrêt précoce (10e tour), profitant d'un Virtual Safety Car causée par... Pérez qui a dû abandonner suite à une perte de puissance. Loin derrière, Leclerc a déjà bien entamé sa remontée et pointe alors au 15e rang après s'être élancé 19e.
Si la lutte pour la victoire semble rapidement se circonscrire à un duel Verstappen vs Sainz, derrière, les débats sont ouverts pour la troisième marche du podium entre les Mercedes de Hamilton et Russel et l'Alpine d'Alonso. Charles Leclerc, viendra s'y ajouter en fin d'épreuve grâce à la Safety Car consécutive à la sortie de Tsunoda dans le virage #2. Mais avant cela, le leader de Ferrari aura butté sur l'Alpine d'Ocon, trop rapide en ligne droite pour permettre à la F1-75 #16 de prendre le dessus en dépit d'un rythme intrinsèque sensiblement plus rapide. La voiture de sécurité s'efface à une quinzaine de tours de l'arrivée et Max Verstappen ne pourra jamais baisser la garde, mis sous pression par Sainz qui était légèrement plus rapide - le meilleur tour en course de l'Espagnol en attestant - mais l'Espagnol devra se contenter à nouveau de la deuxième place, victime du manque de vitesse maxi de sa Ferrari. Troisième et "premier des autres", Lewis Hamilton retrouvait les joies du podium, une première depuis sa troisième place au grand prix d'ouverture à Bahreïn. Il devançait son équipier Russel tandis que Charles Leclerc était remonté à la cinquième place, limitant la casse. Si les Alpine d'Ocon et Alonso croisaient le drapeau à damier devant les Alfa Romeo de Bottas et Zhou, Alonso était pénalisé de 5 s pour avoir louvoyé en ligne droite et rétrogradait au neuvième rang, le dernier point revenant à l'opiniâtre Lance Stroll devant son public.
Résultats de GP d'Espagne
- Max VERSTAPPEN (Red Bull)
- Carlos SAINZ (Ferrari)
- Lewis HAMILTON (Mercedes)
- George RUSSEL (Mercedes)
- Charles LECLERC (Ferrari)
- Esteban OCON (Alpine)
- Valtteri BOTTAS (Alfa Romeo)
- Zhou GUANYU (Alfa Romeo)
- Fernando ALONSO (Alpine)
- Lance STROLL (Aston Martin)
Classement du championnat du monde Pilotes
- Max VERSTAPPEN – 175 points
- Sergio PEREZ – 129 points
- Charles LECLERC – 126 points
- George RUSSEL – 111 points
- Carlos SAINZ – 102 points
- Lewis HAMILTON – 77 points
Classement du championnat du monde Constructeurs
- Red Bull – 304 points
- Ferrari – 228 points
- Mercedes – 188 points
- McLaren – 65 points
- Alpine – 57 points
- Alfa Romeo – 51 points
Tops
Si Max Verstappen a ajouté une couronne à sa collection, la prestation de Carlos Sainz est à souligner. Au volant d'une monoplace qu'il apprivoise de mieux en mieux, l'Espagnol s'est senti à l'aise tout le weekend et était clairement un candidat à la pole et à la victoire. Une petite erreur l'empêchait de rivaliser avec Verstappen pour la pole, voyant même son compatriote Alonso lui piquer la première ligne, mais Sainz ne flanchait pas en course et réalisait une épreuve parfaite... si ce n'est un dépassement jamais rendu possible sur la Red Bull. Et Sainz n'y est pour rien, son équipier Leclerc n'ayant jamais su doubler Ocon pour les mêmes raisons : la Red Bull et l'Alpine étaient trop rapides en ligne droite ! À défaut de refaire son retard sur Verstappen ou Red Bull, Ferrari sait qu'elle peut désormais compter sur 2 pilotes au top !
Alpine est en progression et ça se voit. Certes le tracé de Montréal fait la part belle à une bonne vitesse de pointe, mais également à une bonne motricité et la monoplace bleue s'est révélée très efficace dans les deux domaines, permettant à Ocon de résister plus de 10 tours à Leclerc pourtant au volant d'une Ferrari qui évolue dans une autre division. Que dire d'Alonso, toujours vert à 41 ans, le Taureau des Asturies a toujours faim de bagarres aux avant-postes et une sacrée pointe de vitesse. Enfin un peu de rivalité pour Mercedes... derrière Red Bull et Ferrari ?
Si cela n'a pas payé en termes de résultats, Mick Schumacher a redoré son blason lors de ce rendez-vous canadien. Le fils de Michael a su rebondir et s'est montré à la hauteur de son équipier Magnussen tout au long du weekend. certes un peu handicapé par le manque de vitesse de pointe de sa Haas en début de course, Mick ne commettait pas la moindre erreur, défendait sa position bec et ongles et se montrait offensif en piste. Las, il fut coupé dans son élan par un problème mécanique. Mais cette prestation est encourageante et demandera à être confirmée et reproduite lors des prochains rendez-vous !
Flops
Ferrari progresse, Ferrari est probablement la plus rapide intrinsèquement, mais Ferrari ne gagne pas ! La F1-75 est bien la voiture la plus complète avec la Red Bull, en qualifications comme en course. C'est une bonne nouvelle car la monoplace rouge pêchait sur les longs relais jusqu'aux évolutions de Barcelone. Si Maranello confirme sur différents tracés la compétitivité de sa monture, elle n'a toujours pas réussi à corriger son défaut rédhibitoire : un manque criant de vitesse de pointe. Même avec le DRS, il est pratiquement impossible pour Leclerc et Sainz de prendre le dessus sur la Red Bull... ou de se défendre face à cette dernière ! Partant de là, Verstappen et Pérez savent qu'en soi il leur est juste nécessaire d'être dans le sillage de leurs adversaires pour pouvoir les battre. Problématique pour les hommes de Binotto s'ils veulent conserver une maigre chance de titres en fin de saison.
Mais que s'est-il passé avec Tsunoda ? Le petit Japonais réalisait une bonne course lorsqu'il s'est complètement planté après un changement de gommes. Trop pressé de sortir des stands, il est sorti de la piste... au premier freinage. Pneus froids, piste "verte" et virage serré auront eu raison de son enthousiasme... et de sa fierté ! Dommage pour le pilote Alpha Tauri qui s'était à nouveau montré capable de rivaliser avec son équipier Gasly. On mettra ça sur le compte de l'enthousiasme de la jeunesse...
Ferrari aura bien besoin de rassembler toutes ses forces et de réussir tout ce qu'elle entreprend si elle veut rivaliser avec Red Bull dans la course aux titres Pilotes et Constructeurs. Las, la fiabilité à une nouvelle fois joué des tours à Leclerc. Contraint de remplacer plusieurs éléments de son unité de puissance, le Monégasque a déjà écopé de plusieurs pénalités sur la grille de départ et avec encore 13 épreuves à venir, il est assuré d'en prendre encore d'autres d'ici la fin de saison... Dur, dur face à un duo Verstappen-Red Bull certes victime de défauts de fiabilité parfois, mais qui gagne presque chaque course dont il prend le départ !
Le coup d'oeil – Changements de pneus plus compliqués
Ce constat n'est pas propre au Grand Prix du Canada, mais il y a joué un rôle important, une fois encore : les changements de pneus sont devenus un facteur de décision plus important. En limitant la mécanisation et le développement technologique lié aux changements de pneus, la FIA a minimisé le danger lié à cette opération mais a augmenté considérablement le pourcentage d'arrêts "ratés". Conséquence directe, à chaque course, des pilotes perdent 3 à 5 secondes lors d'un arrêt et cela peut rebattre les cartes avec des voitures parfois plus rapides sur la piste qui doivent à nouveau se frayer un chemin dans le peloton. Et c'est là que le problème des "trains DRS" se manifeste... mais c'est un autre sujet. L'essentiel est qu'avec le nouveau cadre de changement de pneus, l'humain reprend une importance plus grande et rend les décisions stratégiques d'autant plus délicates. Car la probabilité d'un problème et donc d'une perte de temps est sensiblement augmentée. Est-ce une bonne chose pour autant ? Ou cela va-t-il pousser à une certaine frilosité stratégique ?
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