Pour Daimler, il est essentiel de pouvoir maîtriser au mieux l’impact environnemental de la production de ses batteries destinées aux véhicules électriques commercialisés par ses marques. Mais le groupe allemand veut également s’assurer que cette production et la chaîne d’approvisionnement qui y est associée soient respectueuses des droits de l’Homme. Un défi épineux en raison des nombreux intervenants concernés – pays, entreprises, etc. – qui ne répondent ou ne respectent pas toujours certains critères fondamentaux sur le plan éthique.
« Nous ne voulons mettre sur le marché que des voitures fabriquées avec des matériaux exempts de violations des droits de l'homme - ce n'est pas un sprint, c'est un marathon » (Renata Jungo Bruengger - responsable de l'intégrité et des affaires juridiques chez Daimler)
Chaîne complexe
Le grand problème relève donc de la complexité des chaînes d’approvisionnement des matières premières servant à la fabrication des batteries, en particulier les terres rares, trop souvent issues de nations peu respectueuses des droits de l’Homme et qui pratiquent encore le travail forcé d’enfants. La République Démocratique du Congo restant l’un des exemples les plus criants, avec très peu de solutions applicables eu égard à l’instabilité politique de ce pays particulièrement riche en minerais et qui représente 60 % de l'approvisionnement mondial en cobalt.
Alors, certes les constructeurs essaient de travailler avec des mines certifiées, mais restent malgré tout otages d’un marché qui est passé d’un statut de niche à celui d’enjeu industriel majeur. Las les acteurs en charge de l’extraction des matières premières restent les mêmes qu’avant avec cette fois l’avantage d’un rapport de force inversé. L’obligation de passer progressivement, mais rapidement à une mobilité 100 % électrique impose aux constructeurs à travailler avec les principaux fournisseurs au risque de perdre du temps, de l’argent et donc de la compétitivité sur un marché dont on estime qu’il s’élèvera à 50.000 milliards $ (44.170 milliards €) en 2025. À court terme, la pression des investisseurs augmente avec un discours qui pourrait se résumer – pour nombre d’entre eux – à « soit votre entreprise est durable, soit elle est en faillite ».
60.000 fournisseurs
Pour l’exemple de Daimler, le groupe compte environ 60.000 fournisseurs directs et adopte une approche fondée sur le risque pour auditer les chaînes les plus importantes. SI nécessaire, Daimler peu mettre la pression sur les fournisseurs pris en défaut, voire cesser de collaborer avec ces derniers, qui souvent décident alors de se conformer aux exigences du groupe automobile pour réintégrer la liste des fournisseurs.
Une politique qui semble efficace mais demande un approfondissement rapide. Daimler a identifié 24 matières premières qui posent le plus de risques et prévoit de rendre leur approvisionnement totalement transparent d'ici 2028, en atteignant un premier objectif de 30 % cette année.
Solutions alternatives
Alors, il existe des solutions alternatives, parfois plus onéreuses initialement mais qui peuvent s’avérer moins coûteuses en CO2 à terme. Par exemple, les groupes Volkswagen et Stellantis s’associent au fabricant de cathodes Umicore pour signer des accords d'approvisionnement avec le géant minier australien Vulcan Energy Resources qui prévoit de produire du lithium à partir d'une ressource géothermique dans la Forêt-Noire, en Allemagne.
Surtout, le temps pourrait jouer en faveur des constructeurs et producteurs de batteries. Sans même évoquer les (éventuelles) futures batteries à l’état solide, moins gourmandes en terres rares, le développement du marché automobile électrique et le taux très élevé de recyclage des batteries permettra à l’industrie automobile d’être moins à la merci des fournisseurs de matières premières ne respectant pas les droits de l’Homme ou des enfants tout en minimisant l’impact environnemental de la production des batteries. Mais on parle là d’une perspective à moyen terme.
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