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Industrie et économie / Décès de François Michelin, patron atypique

Rédigé par David Leclercq le 29-04-2015

François Michelin, le patriarche du groupe qui a dirigé pendant 47 ans l'entreprise, s'est éteint à l'âge de 88 ans.

C'est un grand homme de l'automobile au sens large du terme qui s'en est allé ce mercredi 29 avril. François Michelin est en effet décédé à l'âge de 88 ans. Il était le petit-fils d'Edouard Michelin, le cofondateur du groupe. Le groupe Michelin a annoncé la nouvelle par voie de communiqué précisant que « Monsieur François Michelin a consacré toute son existence au service de l'entreprise. Il a été gérant pendant quarante-sept ans, avant de confier les rênes à son fils Édouard ». Jean-Dominique Senard, l'actuel président du groupe Michelin, a par ailleurs déclaré : « Je tiens, au nom des employés du groupe, à rendre un hommage particulier à cet homme d'exception unanimement respecté pour ses valeurs, ses convictions et sa vision. »

Un parcours atypique

Le parcours de François Michelin n'est pas anodin. Il perd en effet sa mère alors qu'il n'a que 10 ans et son père lui est arraché 4 ans plus tard. Il est alors élevé à Clermont-Ferrand par sa grand-mère avec un mode de vie extrêmement pieux ainsi que par sa tante en Savoie. Homme de foi, François Michelin est un patron atypique et secret. Sur son lit de mort, son grand-père lui confie les rennes de l'entreprise dès 1940. Mais l'homme est encore trop jeune. Mais il est travailleur. Pendant que son oncle Robert Puiseux assure l'intérim à la tête de l'entreprise, il obtient un diplôme de mathématiques et entre dans le groupe familial en 1951 sous une fausse identité pour un parcours initiatique de quatre années car rien n'était jamais offert dans la culture d'entreprise de l'entreprise. Il occupe presque tous les postes, dont celui d'ouvrier. En 1959, il prend enfin les rennes et devient « seul maître à bord après Dieu » comme il aimait le rappeler lui-même. Profondément chrétien, François Michelin est aussi un grand libéral. Ce qui lui a d'ailleurs valu de nombreux démêlés avec les syndicats. Cela dit, l'homme est aussi pragmatique, voire visionnaire car c'est aussi sous sa direction que naît le pneu radial - fruit du travail de l'ingénieur Marius Mignol et qui permet de parcourir trois fois plus de kilomètres au moyen d'une structure métallique, une véritable révolution technologique pour le pneumatique et qui propulsera d'ailleurs Michelin au rang de premier manufacturier mondial pendant de nombreuses années. Jusqu'au deuxième choc pétrolier que François Michelin ne voit pas venir et qui porte un sérieux coup au groupe qui doit alors aller frapper à la porte de l'état pour solliciter un prêt. Cet épisode marquera l'homme comme le patron. Tout comme la seconde descente aux enfers de la marque qui découlera des mauvaises conditions de rachat d'Uniroyal USA/BF Goodrich au début des années 90... Mais là aussi Michelin se redressera, notamment grâce à un coup de pouce venu de l'extérieur : l'expertise d'un certain Carlos Ghosn qui n'a alors de 37 ans. Cela dit, l'homme aura aussi connu d'autres épreuves, plus personnelles celles-là, notamment avec la mort accidentelle de son fils et héritier Edouard en 2006 qui dirigeait le groupe depuis 4 ans. Décidément, François Michelin aura marqué l'histoire, mais il aura aussi affronté de sérieuses tempêtes.

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