Industrie et économie / Elon Musk manquerait-il à Tesla ?

Elon Musk est connu pour s’investir corps et âme dans les projets auxquels il adhère. Après Tesla et SpaceX, c’est donc pour redresser Twitter que le milliardaire travaille tant et plus, quitte à rester dans les bureaux de la plateforme du réseau social jour et nuit, 7 jours sur 7. Une implication qui pourrait nuire au bon fonctionnement de Tesla selon certains investisseurs, mécontents de la perte de valeur de leurs actions Tesla. Mais Elon Musk est-il à ce point vital pour la bonne gestion du constructeur américain ?

Comme Tesla et SpaceX

En soi, cet engagement total d’Elon Musk dans la réorganisation de Twitter n’a rien de surprenant. En réalité, l’entrepreneur avait déjà consenti à ce niveau d’implication et de travail lorsqu’il s’est agi de régler les problèmes de production de la Tesla Model 3 ou d’accélérer le développement de SpaceX. Et les résultats tangibles avaient suivis, faisant de la « petite » Tesla le modèle électrique le plus vendu au monde tandis que les avancées du programme spatial furent notables.

En outre, Tesla est désormais une entreprise de grande envergure qui dispose d’une gestion efficace et bien moins dépendante de la présence d’Elon Musk. Ce dernier avait même affirmé sa confiance absolue en l’équipe de dirigeants en place au sein du constructeur américain : « Nous avons une équipe très talentueuse ici. Je pense donc que Tesla continuerait à se porter très bien même si j'étais enlevé par des extraterrestres ou si je retournais sur ma planète d'origine. »

L’inquiétude des actionnaires tient donc davantage à leur compte en banque qu’à la pérennité de Tesla à proprement parler. Le cours de l’action Tesla a effectivement perdu 50 % de sa valeur depuis le mois d’avril et la prise de participation d’Elon Musk dans le capital de Twitter.

Musk irremplaçable ?

La question qui se pose est donc de savoir si Tesla est Musk-dépendante ou pas. Pas totalement. Sur un plan strictement fonctionnel, Tesla poursuit sa croissance industrielle et commerciale et le succès de ses Model 3 et Model Y ne se dément pas, tandis que la nouvelle usine allemande de Grünheide monte en puissance. Mais il est vrai que la marque reste dépendante du soutien de ses investisseurs et que ces derniers regardent de très près les fluctuations du cours de l’action Tesla, qui dépendent étroitement de l’investissement personnel d’Elon Musk dans la gestion et la communication de la marque.

Au point de s’inquiéter du fait que Tesla ne représente plus que 3 % des tweets du milliardaire sur la première moitié de novembre 2022 quand ils concernaient 16 % des communications sur le réseau social lors de 8 mois précédents ? Peut-être pas tant on sait que les déclarations d’Elon Musk, sans filtre, donnent très souvent des cheveux gris aux responsables de la marque.

Payé aux résultats

Autre pierre d’achoppement pour certains investisseurs : la rémunération d’Elon Musk. Ce dernier devant bénéficier d’émoluments s’élevant à 56 milliards $ chez Tesla. Une somme astronomique calculée sur base de l’atteinte ou non de différents objectifs fixés par le conseil d’administration. Le CA s’inquiétant du temps consacré par M. Musk à SpaceX et d’autres entreprises, qui pourrait nuire au bon fonctionnement de la marque.

Toutefois, la rémunération de 56 milliards $, selon Ira Ehrenpreis (membre du CA et actionnaire de Tesla) est liée à des objectifs à atteindre, pas à un temps minimal consacré à la gestion de l’entreprise. Un point de vue que certains ne partagent pas, à l’instar de l’analyste de Wedbush, Daniel Ives, qui estime que « Musk a réussi à faire ce que les baissiers ont tenté sans succès pendant des années : écraser l'action Tesla ». Selon M. Ives, le rachat de Twitter représente un « gouffre financier » qui a déjà un impact visible sur Tesla.

Source : Reuters