Opinions / Rédacteur sans filtre - Les designers doivent monter au front !

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Steven Appelmans se demande ce qu'attendent les designers des marques européennes pour faire la différence face à l'invasion chinoise.

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Bon, ne tournons pas autour du pot : une MG 4 est mieux qu’une VW ID.3. Au niveau de la motorisation, de la technologie de batterie, du comportement routier et encore plus du prix. Si quelqu’un me demande mon avis sur ces deux VE, je conseillerais toujours amicalement la Chinoise. Mais je sais aussi que ce conseil, même s’il est amical, sera écarté par la personne en question, qui viendra un peu plus tard me demander « ce que je pense de sa nouvelle ID.3 ». Un peu en traînant les pieds et en s’excusant à moitié sans doute. Pourtant, ce n’est pas nécessaire. Au contraire même. Ce choix offre en effet une perspective d’avenir. Pour moi, en tant que journaliste. Pour Le Moniteur Automobile, en tant que magazine. Et pour les constructeurs automobiles européens, en tant que leaders de l’industrie.

Cela signifie en effet que la voiture demeure plus qu’un objet usuel. Contrairement à ce qu’il se passe pour une machine à laver, une voiture doit cocher davantage de cases que celles des simples arguments rationnels. Il faut que « ça colle ». Au niveau de l’image et, surtout, du look. Qu’est-ce que ça peut vous faire qu’AEG livre une machine avec un hublot chromé ? Mais faire pareil avec une calandre, holà ! C’est là que se cachent encore heureusement ce que l’on considère comme des valeurs établies. Pour l’instant. Dans les coulisses, ça se chamaille sérieusement. Un duel que l’ancienne garde est en train de perdre. Car avec l’essor toujours plus évident de la voiture électrique, la position de la Chine ne cesse de se renforcer. En tant que sous-traitants, mais encore plus dans le rôle de producteurs de VE. Et sur ce plan, « nos» marques n’ont aujourd’hui pas de réponse.

L’ancienne garde est en train de perdre le duel face aux chinois… sauf si nos constructeurs jouent la carte émotionnelle.

Sauf si elles jouent la carte émotionnelle. C’est-à-dire celle du style. Il est clair que les Chinois ne se soucient guère de ce design. En fait, si, ils possèdent un certain type de design, surtout s’ils peuvent le décliner en SUV. Ce style, ils le réchauffent sans cesse et le servent à toutes les sauces. Attention, ce n’est pas que les « grands noms » de l’automobile font tellement mieux. Collez un Lion sur la Kia EV6 et elle passera très bien pour une Peugeot. Mais il subsiste des étincelles d’originalité qui montrent quand même que nous savons ici comment faire prendre la mayonnaise.

Regardez ce que fait Volkswagen avec son ID. Buzz. Ou un Land Rover Defender. La BMW i7, malgré toute la controverse, pose des jalons stylistiques que les marques chinoises ne peuvent pour l’instant actuellement pas égaler. Pour l’instant. Car il ne faut pas en douter : à Shanghai et alentour, on va bientôt se retrousser les manches aussi dans ce domaine. Il suffit de voir combien de designers européens se sont déjà mis au service des constructeurs chinois. C’est donc « maintenant ou jamais ». Tout ce qui possède un certain pédigrée dans notre industrie automobile doit se faire remarquer en produisant quelques étincelles. Et ainsi garantir son propre avenir. C’est ça, ou prendre bien vite des cours de mandarin.