Opinions / Rédacteur sans filtre - Tuning... de luxe ?

C’est mon cas lorsqu’entre collègues, nous ouvrons les photos du dernier communiqué de presse reçu des préparateurs haut de gamme des années 2010-2020. Vous savez, les fameux Mansory et Brabus, pour ne citer que deux des plus célèbres. Ou plutôt, leurs chefs-d'œuvre massacrés que notre collègue Laurent ne manque pas de vous montrer régulièrement (sadiquement?) dans ses pages «Actus» en début de numéro.

«Chacun fait ce qu’il lui plaît» disait la chanson, et le leitmotiv est encore plus fort chez les nouveaux riches de ce monde. Mais je ne peux m’empêcher de me demander si ces riches acheteurs apprécient vraiment ce niveau de… personnalisation. Vous plaisantez? Un 4x4 mythique déguisé d’un intérieur cuir turquoise aux surpiqûres… bizarres et aux portes suicides? Et posé sur des jantes de 24 pouces elles-mêmes chaussées de pneus «feuille à cigarette»? Tout ne tourne pas rond dans ce cercle des ultra-riches, où j’ai plutôt l’impression qu’il s’agit d’une course au délire, juste parce qu’on en a les moyens et l’envie.
Mais ce besoin de reconnaissance doit-il vraiment pousser la folie dépensière à ces extrémités automobiles? Je pense qu’on en est simplement et malheureusement là…

Est-ce à cause de la pression de leurs pairs que le grand écart n’est jamais assez grand pour ce type de clientèle?

Comprenez-moi bien: je n’ai rien contre ce spoiler ajouté à votre Corsa ou à ces rétros «sport» sur votre Dacia. Mais je n'ai jamais vraiment compris pourquoi ruiner de belles automobiles sportives et/ou prestigieuses à ce point, juste pour pouvoir rouler avec une voiture unique. Et ils se tirent une balle dans le pied pour la dévalorisation causée. Il suffit de jeter un œil aux prix des enchères pour les Ferrari, Lamborghini, Aston Martin et autres classiques. Les plus chères sont précisément les spécimens les plus «originaux». Dans le sens de fidèle aux origines, bien entendu, pas original d’un point de vue excentricité. Ce n'est pas pour rien que l'on voit fleurir partout des départements «Classics» chez les marques de prestige, qui reconstruisent quantités de pièces d’époque à neuf, précisément parce qu'il existe un marché pour conserver ces bijoux roulants dans leur état de sortie de chaîne.

Bref, les créatures dénaturées à la Mansory ne sont que des non-sens uniques et bizarres pour des gens si riches qu'ils pensent que tout est possible… et forcément beau. Mais si je veux vraiment être honnête, je dois quand même vous avouer mon petit faible pour les… tuners des années 80. Une Peugeot 205 GTi kit Dimma? Mon dieu, oui, tout de suite! Et puis le patron des tuners, Willy Koenig et ses Koenig Specials. Une Mercedes 560 SEC avec des hanches de Testarossa ou une Ferrari 308 «ventre à terre» et maquillée d’accessoires en plastique! Un sacrilège pour certains, mais de l’envie pure pour moi! Et je ne suis pas le seul, car ce genre de créations des années 80 se retrouve progressivement dans les catalogues de vente aux enchères des grandes maisons. Peut-être s'agit-il simplement d'une question de génération... et dans vingt, trente ou quarante ans, les monstres de Mansory, Hamann et Project Khans d'aujourd'hui s’échangeront à prix d’or entre ex-geeks des générations Z et Alpha. Tout est possible et personne n’est parfait dans le monde de l’automobile.