Opinions / Rédacteur sans filtre – Vive les clubs !

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Laurent Blairon, journaliste au Moniteur Automobile nous déclare sa flamme pour les clubs autos qui entretiennent la passion pour les voitures thermiques qui ont marqué notre existence.

LIRE AUSSI - Tous les sujets des Rédacteurs sans filtre

J’adore le métier de journaliste automobile, je ne voudrais pas faire autre chose. Chacun au sein de cette corporation est conscient de vivre un job de rêve. Tester un dernier modèle dans un cadre enchanteur, organiser une séance photos en semaine, dans nos belles Ardennes ou sur la Côte D’Opale désertées du tourisme de masse restent des parenthèses enchantées. Et j’aime vider des thermos de café devant mon ordinateur, à faire en sorte que ces expériences vous soient relatées dans des « papiers » aussi corrects et agréables que possible. Ce n’est pourtant pas facile tous les jours. Les impératifs de la Presse comme de la Toile nous exposent à des horaires très « variables ». Comme ailleurs le secteur automobile est sous pression et nous prenons les retours de manivelle. En toute logique, notre rôle de chasseur et passeur d’infos nous expose aussi au feu des critiques, des deux côtés (constructeurs et lecteurs). Normal, cela fait partie du taf. Sans rancune ! Et croyez-le ou non, les constructeurs ne nous graissent pas la patte et nous comptons nos sous !

Année après année la passion est toujours là, très forte, mais inévitablement, les changements dans le monde de la mobilité ont affecté mon rapport à l’automobile, qui évolue. Comme tout un chacun, je me demande s’il est toujours bien sensé de mettre en œuvre et en mouvement 1500 à 2000 kg d’acier, de plastique et – désormais – de batteries pour déplacer la plupart du temps un seul individu à bord d’une automobile, lequel – ou laquelle – pèse entre 60 et 90 kg (moi, c’est plus…). Le compréhensible clonage des plateformes par le jeu des rapprochements entre marques et/ou groupes me déçoit, souvent. Cédant parfois à un certain fatalisme, je partage le constat qu’il n’est plus opportun d’utiliser tout le temps et pour tous les déplacements une automobile. De là à acheter un vélo électrique à 4000 boules (et on dit que les voitures sont chères !) ou risquer ma peau en trottinette électrique (et on dit que la voiture c’est dangereux !), pas si vite !  

On peut passer des heures sur le Net à nourrir sa passion de vidéos et documents incroyables, mais rien ne remplacera jamais une passion vécue « en live ».

Alors de plus en plus souvent, j’ai le besoin de pèlerinage, de replonger dans le formidable monde de la voiture à moteur thermique. Ma Mecque à moi, c’est Goodwood ou le SpaClassics. Mais j’ai une solution, toute simple et bien moins onéreuse pour retrouver d’un coup la flamme : rendre visite à des collectionneurs et, de plus en plus, à des clubs automobiles. Des récentes expériences auprès du Peugeot Club Belgium, mais aussi lors d’une visite à la première édition de SpaAsia m’ont redonné la certitude d’être au bon endroit. Tendre le dictaphone au propriétaire d’une 205 Diesel de 1985 ou d’une Nissan Skyline GT-R « R34 », c’est entendre l’enfant qui rêve et n’a pas renoncé aux jouets. Certes, d’une marque à une autre, le milieu et les moyens diffèrent, mais une sorte de trame commune réunit tout le monde. Un chef d’entreprise vous parlera de l’histoire de sa Honda NSX avec la même profondeur et les mêmes sensations que l’étudiant qui a récupéré la 505 GTi de son grand-père. Sauf exception, la notion de compétition ou de vainqueur n’existe pas dans ces clubs. La mise en avant n’est pas le but du jeu. Tout le monde est là pour le plaisir de faire rouler sa voiture, non sans profiter de quelques haltes gustatives agréables ! Sans oublier les longues heures à bricoler, retaper et préparer la caisse pour ces grands jours. On peut passer des heures sur le Net à nourrir sa passion de vidéos et documents incroyables, mais rien ne remplacera jamais une passion vécue « en live ».

Des clubs qui n’ont pas tous la vie facile, entre restrictions d’accès, difficultés de justifier la privatisation de lieux (un marché bio ou un salon de la Tiny house, c’est sympa, mais surtout plus tendance et prioritaire qu’un meeting de V8 américains) et, en particulier, rajeunir les membres, pas évident de tenir la barre !

Bref, pour conclure, je voulais surtout profiter de ces lignes pour féliciter tous les passionnés qui animent ce milieu. Continuez ! J’invite tous les autres – moi en premier – à faire vivre ces clubs, tout simplement en participant aux manifestations, en achetant l’autocollant, le badge ou le pain-brochette qui alimentent les caisses. Le retrait lent mais certain de la voiture thermique du paysage a toutes les raisons d’entretenir la nostalgie. Demain, vive – pourquoi pas - les « rassos » de citadines turbo-Diesel ou de cabriolets populaires à toit rigide rétractable ? Tout ce qui a disparu plaira à nouveau, un jour.  Au Moniteur Automobile, nos articles PASSION et nos Hors-séries Moniteur Classics ne feront que se développer, ce qui se fera notamment pour et avec les clubs automobiles du pays et de l’étranger. Bonne route !