Le concept
La Corsa, au fil de ses 37 ans de carrière, a eu le temps d’imposer une appellation devenue presque aussi communément admise dans le langage courant que « Golf » ou « Fiesta ». Des appellations qui réfèrent automatiquement à un modèle dans l’esprit du grand public plutôt qu’à la marque qui les a fait naître. En l’occurrence, la Corsa a toujours été synonyme de petite voiture, compacte, peu onéreuse. Pas forcément très technologique, mais rationnelle et pratique. Sans flamme particulière. Un peu à l’image d’Opel ces dernières décennies. Mais sa bonhomie rassurait à défaut d’enthousiasmer, même si la lignée a pu compter sur des variantes sportives souvent plus caractérisées par leur moteur que par leur châssis.
Opel avait déjà commencé le développement de cette nouvelle génération avant d’apprendre l’appétit d’un certain Carlos Tavares. Lequel, avec sa diplomatie habituelle, a demandé aux ingénieurs teutons de tout mettre à la poubelle et de bien vouloir utiliser sa plateforme CMP qui lui sert aussi pour ses DS3 Crossback et 208 notamment. Techniquement, l’Opel doit donc beaucoup à ses cousines parisiennes. Dans une optique industrielle, c’est logique. Tout ce qui ne se voit pas est commun. Mais la Corsa peut compter heureusement sur un design personnel, plutôt réussi d’ailleurs, ainsi que sur un aménagement intérieur spécifique. Et plutôt bien foutu.
Ce qui change
Rien n’a été repris de la génération précédente; la Corsa est toute nouvelle à défaut d’être tout à fait inédite. La plateforme CMP développée pour les modèles compacts par PSA n’est pas une tare en soi. Ce faisant, la Corsa se montre jusqu’à 100 kg plus légère que celle qui l’a précédée. Par rapport à celle-ci, la nouvelle prend 4 cm en longueur pour désormais s’étirer sur 4,06 m. Si la largeur reste grosso modo identique, la hauteur baisse de 5 cm, tout bénéfice pour la surface frontale (de 2,13 m2), laquelle, conjuguée à un Cx de 0,29, aboutit à une très bon SCx de 0,617 m2. Il est étonnant de voir que les communicants… communiquent cette valeur dès qu’elle est favorable, mais la taisent dans toutes les langues dès lors qu’elle est un handicap. Comme pour les SUV par exemple. Soit. De fait, la nouvelle Corsa se montre très aérodynamique, ce qui induit qu’elle a besoin de moins d’énergie pour se déplacer, que ses moteurs sont moins sollicités, qu’ils consomment – et donc qu’ils rejettent – moins. Conjugué à un poids contenu, le cercle vertueux est bouclé.
Grâce à se nouvelle plateforme, la Corsa bénéficie aussi d’un empattement plus long de 3 cm, qui stabilise sa tenue de cap (la Corsa est décrite comme « Autobahn proof ») et accroît l’habitabilité. En principe. Les moteurs sont connus puisqu’il s’agit des 3 cylindres français, à savoir les 1.2 turbo, en version 100 (205 Nm) ou 130 ch (230 Nm), le premier en boîte manuelle 6 ou automatique 8, le second d’office en automatique. Le premier assurera vraisemblablement le gros des ventes, même si un Diesel 1.5 de 102 ch et 250 Nm reste au catalogue. Notons aussi la présence d’un 1.2 l de 75 ch associé à une boîte 5 qui ne vaudra que pour un prix d’appel réduit.
Comment ça roule ?
En avant-première, nous avons pu prendre le volant des versions à essence en 100 ch et boîte manuelle et 130 ch, automatique. Dès l’accès à bord, on ressent cette position d’assise plus basse (de près de 3 cm), qui permet de mieux faire corps avec la voiture. On y est bien installé, dans des sièges confortables, c’est un peu l’ADN d’Opel d’ailleurs, et qui peuvent être massants, une première dans la catégorie. On remarque immédiatement le grand écran central tactile de 7 ou 10 pouces selon les versions, réactif et précis. Et prévu pour les protocoles Android Auto et Apple Car Play. Heureusement, les commandes de climatisation restent confiées à des boutons classiques, exclus de l’écran central. Et donc beaucoup plus accessibles. Tant mieux.
On le disait, la largeur n’a pas beaucoup évolué et les occupants avant cohabitent donc toujours un peu épaule contre épaule. C’est de fait par sa largeur intérieure que la Corsa rappelle qu’elle est une compacte. Car pour le reste, on trouve vite ses aises. D’autant que les espaces de rangement sont nombreux et pratiques. La qualité perçue parait, elle, tout à fait au niveau des standards de la catégorie. Bref, la Corsa fait désormais très mature. Ce qu’elle confirme sur la route.
Une hauteur réduite et donc un centre de gravité abaissé a permis de développer des liaisons au sol permettant un bon maintien de caisse sans raideur excessive. Certes, on n’est pas dans l’univers ouaté d’une Citroën C3, la Corsa se voulant plus dynamique. Du coup, on ressent de temps à autre des percussions sur les hautes fréquences (passage sur une taque d’égout, sur un raccord transversal…), mais rien de rédhibitoire. D’autant que la précision de conduite est au rendez-vous malgré une direction peu communicative, à laquelle on s’habitue. Ça n’a pas toujours été le cas, mais désormais la Corsa fait jeu égal avec les meilleures de sa catégorie.
Merci la France ! Le 3 cylindres à essence de 100 ch en boîte manuelle 6 se montre à la hauteur de ce qu’on attend de lui. Suffisamment généreux en couple, il permet de se sortir de la plupart des conditions de circulation et à vitesse stabilisée, sait se montrer discret. Un peu moins en charge, quand il exprime une sonorité typique à son architecture. Typique, mais pas désagréable. Quant au 1.2 de 130 ch, il se montre aussi performant que l’ancien moteur de 150 ch, malgré une baisse de 15% de sa puissance. Merci au poids réduit et à l’aéro (active) soignée. Sa boîte automatique 8 rapports se commande depuis un levier intégralement repris à Peugeot et qui se montre agréable à l’usage. L’insonorisation semble aussi plus soignée dans cette exécution haute GS Line que dans l’inférieure Elegance, «cœur de gamme», comme on dit à Paris.
Le rapport équipement/prix
La nouvelle Corsa se veut connectée et sécurisée. Selon les versions, elle embarque de série ou en option, l’écran central tactile de 7 ou 10 pouces, les feux intelligents IntelliLux LED consommant 80% d’énergie en moins que des phares halogènes classiques, la reconnaissance des panneaux de signalisation, l’aide au maintien dans la voie (volontiers intrusive!), la détection de présence dans l’angle mort, le régulateur de vitesse adaptatif (avec fonction de freinage jusqu’à l’arrêt avec la boîte auto), le freinage automatique, la détection d’assoupissement, la caméra arrière à 180°,… Dans les faits, la nouvelle Corsa arrive donc bien positionnée en termes de rapport prix/équipement. C’est d’ailleurs une marque de fabrique d’Opel. Tout comme les prix modérés des options et des packs. Parmi les équipements optionnels les plus onéreux, mentionnons le toit panoramique à 725 €, les phares intelligents IntelliLux LED à 1000 €, l’intérieur en cuir à 1750 € ou encore le système multimédia Navi (Pro), variant de 800 à 1200 € selon les finitions. Tout le reste paraît très accessible, y compris les possibilités de personnalisation.
Les concurrentes
Certes, la gamme Corsa commence officiellement à 15.995 € avec la version 1.2 de 75 ch. À moins de se focaliser uniquement sur le prix, cette version ne semble pas à recommander vu son dépouillement. Attardons-nous donc sur la version appelée sans doute à connaître le plus gros succès commercial, la 1.2 de 100 ch, à 18.695 € (20.695 en boîte automatique). Que lui opposer ? Bien équipée dès le départ une Corsa 1.2T-100 ch Elegance en boîte manuelle doit affronter un segment très encombré. On y recense en effet la présence d’une Citroën C3 1.2 PureTech-110 (18.895 €), d’une Ford Fiesta 1.0 EcoBoost-100 (17.465 €), d’une Hyundai i20 1.0T-100 (17.465 €), d’une Kia Rio 1.0T-100 (18.940 €), d’une Mazda 2 1.5 SkyActiv 90 ch (17.490 €), d’une Nissan Micra 1.0T-100 (16.840 €), d’une Peugeot 208 1.2 PureTech-100 (18.900 €), d’une Renault Clio Tce-100 (17.500 €), d’une Škoda Fabia 1.0 TSI-95 (16.350 €), d’une Toyota Yaris 1.5 VVT-i 95 ch (17.410 €) et enfin d’une VW Polo 1.0 TSI-95 (17.420 €). La lutte des classes va être serrée !
Notre verdict
Valeur sûre du segment, la Corsa peut compter sur la France pour se relancer rapidement et de manière convaincante. Certes, la plateforme et ses ensembles moteurs/boîtes sont ceux des cousines Citroën et Peugeot. Pourtant, « l’Allemande » parvient à se créer une personnalité bien à elle. Notamment au travers d’une ligne soignée, léchée et pour tout dire agréable. Agréable à vivre et à conduire, la Corsa 6e du nom se positionne en haut du panier en matière de connectivité et de sécurité. Elle a du coup tout à fait sa place dans un segment hyper concurrentiel, auquel elle apportera dès mars prochain une contribution 100% électrique via la Corsa-e. Rarement en tout cas dans la lignée vieille de 37 ans, une Corsa se sera montrée aussi cohérente et homogène.
Dans cet article : Opel, Opel Corsa
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