Ainsi donc, Carlos Ghosn est en prison! Après Rupert Stadler, patron d’Audi passé par la même case – mais pour une tout autre raison que des détournements financiers, toujours supposés à l’heure d’écrire ces lignes pour ce qui concerne l’ex-patron de l’Alliance –, voilà un nouveau capitaine d’industrie brutalement mis face à ses responsabilités. Vu d’en bas, on peut se demander ce qui passe par la tête de ces dirigeants semblant habiter une autre planète. Sentiment de toute-puissance, arrogance ultime faisant croire qu’on est au-dessus des lois, donc intouchable? Pour l’avoir croisé à quelques reprises, nous pouvons dire qu’il est vrai qu’arrogance et dédain, ne seraient-ils que de façade, caractérisaient de fait le patron franco-libanais, aujourd’hui incarcéré par la justice japonaise. Il faut dire que sa réussite industrielle, partiellement construite sur ce qu’avait entamé son prédécesseur Louis Schweitzer, véritable visionnaire, était telle qu’elle pouvait nourrir un sentiment d’autosatisfaction poussé à son paroxysme. Sauveur de Nissan, créateur de l’Alliance récemment enrichie de Mitsubishi, propulsée premier groupe mondial en matière de nombre de voitures produites, devenu l’un des patrons les mieux payés de la planète automobile: il avait quelques raisons de se considérer comme un dieu, ce qu’il avait d’ailleurs été un temps au Japon, où un manga lui rendait même honneur. Ironie de l’histoire: c’est du Japon qu’est venue sa chute. La montée en puissance de Nissan a déplacé le centre de gravité de l’Alliance de Paris vers Tokyo, faisant naître des velléités de reprise de contrôle, avec sans doute à la clé quelques coups fourrés pour arriver à ces fins. Coups fourrés qui aboutissent aujourd’hui à la mise à l’écart du patron devenu encombrant dans cette stratégie de reconquête. Mais ne nous y trompons pas. Si coup fourré il y a eu, c’est que Carlos Ghosn a tendu le bâton pour se faire battre en dissimulant des revenus au fisc japonais. Quand on gagne des dizaines de millions par an depuis des années, faut-il vraiment chercher cette optimisation pour en gagner plus, toujours plus? Avec un minimum de bon sens populaire, cela semble assez idiot. Mais quand on navigue dans des sphères financières extraterrestres, il semblerait que la déconnexion avec la réalité soit… monnaie courante. Et en rien réservée aux patrons de l’industrie automobile. Vous voulez qu’on parle de foot?
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