Plus de deux mois après le début du confinement, ma commune a enfin été capable de fournir des masques à sa population. Quel rapport avec le sujet qui nous occupe? Lointain, certes. Mais la saga des masques en Belgique, mais pas uniquement, nous a fait prendre conscience de la trop grande dépendance de notre économie au bon vouloir de la Chine. Que nous, Occidentaux, n’ayons même plus été en mesure de confectionner en grand nombre des masques, nous obligeant à devoir faire appel à des fournisseurs asiatiques, avec à la clé des semaines de délai et l’envoi de produits non conformes, a quelque chose d’inquiétant. Cette frénésie de délocalisation qui a accompagné notre histoire industrielle ces dernières décennies au profit d’une supposée rentabilité à très court terme a sacrifié sur l’autel de la globalisation notre savoir-faire. Et ce qui est vrai pour un simple bout de tissu est encore plus vrai pour l’automobile. Je vais vous faire une confidence: j’ai passé ces 2 mois de confinement avec une voiture d’une marque premium de plus de 110.000 €. Oh, elle n’a pas beaucoup bougé. Ce SUV est un sommet de technologie, de prestige, de puissance, ... D’un strict point de vue technique, il n’y a pas grand-chose à lui reprocher. Mais n’est-elle pas aussi un exemple d’anachronisme? Un exemple loin d’être isolé d’ailleurs, comme l’illustre le match de ce numéro mettant aux prises deux RS de 600 ch. Comment notre industrie automobile s’entête-t-elle à concevoir des monstres dont la puissance ne sert qu’à… masquer le poids? Et ce sont les mêmes qui crient au scandale quand l’Union européenne les menace d’amendes en cas de dépassement des normes d’émissions. Soyons clairs: je reste passionné de «bagnoles», sinon, je changerais de boulot. Mais je prends plus de plaisir à conduire ma vieille MX-5 de 115 ch et de près de 30 ans d’âge qu’un bahut bavarois de 2,5 tonnes. Et donc, ces mêmes Européens se sont tournés vers… la Chine pour les approvisionner en batteries destinées à leurs voitures électriques, presque développées dans l’urgence, comme en témoignent les difficultés de mise au point de l’ID.3 par exemple. Sauf que. Sauf que la Chine ne les a pas attendus. Le virage électrique, elle l’a pris depuis longtemps et si elle fut occupée un temps à fournir son marché intérieur, elle est aujourd’hui aux portes du monde avec des produits en phase avec l’époque et commercialisés à des prix tout à fait concurrentiels. Avec une qualité moindre à la clé? Voyons, c’est la même technologie que ces Chinois vendent aux Européens! Il serait donc idiot de se moquer de ces MG ZS EV et autre BYD Tang électriques qui frappent aujourd’hui à nos portes. Ceux qui dénigraient les premières Toyota, Honda ou Mazda importées en Europe il y a 50 ans ou des premières Hyundai et Kia plus récemment ont bien dû, depuis, ravaler leur fiel. Soyons clairs encore une fois: je ne me réjouis pas de cette évolution et conduire un SUV électrique chinois ne m’enthousiasme pas beaucoup. Mais il faut à tout le moins poser le constat pour ne pas rire jaune quand le réveil aura sonné.
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