Edito / Édito - Errare humanum est, perseverare diabolicum!

Selon les chiffres de la FEBIAC et du SPF Mobilité, à la fin mai la Belgique a connu une hausse de ses immatriculations de voitures neuves de 32,5 % depuis le début de l’année comparé à la même période l’an passé. Et lors du seul mois de mai, cette augmentation atteint même 42,5 % ! Waw. Impressionnant. Signe d’une reprise ? Pas si vite. D’abord parce que la comparaison se fait avec une période durant laquelle les constructeurs n’arrivaient pas à livrer du fait de la crise de composants qui touchait alors le secteur. Et difficile donc d’immatriculer un véhicule qui n’a pas été livré. Ensuite, on peut raisonnablement penser que cette augmentation résulte aussi d’un changement de fiscalité à venir, en particulier celle entrant en vigueur à partir du 1er juillet prochain qui verra le taux de déductibilité largement chuter pour les hybrides rechargeables dont l’immense majorité reste jusqu’à cette date déductible à 100 %. Bientôt, ce ne sera plus le cas. Et donc, vraisemblablement, de nombreuses entreprises ont anticipé  ce basculement, commandé et immatriculé avant cette date butoir, même si pour le fisc, c’est la date du bon de commande qui est prise en compte. Mais l’effet d’anticipation joue à plein.

En Belgique, Tesla immatricule désormais plus de modèles que Hyundai, Nissan, Mini, Seat, Mazda ou Fiat!

Ensuite, signe de reprise, ça dépend pour qui… Car 66% de ces nouvelles immatriculations concerne des voitures société, ce que confirme le classement des marques avec « 3,5 » marques premiums dans le top 5, BMW (1^er), Mercedes (4^e) et Audi (5^e). Volkswagen (2^e) complète le quintet devant Peugeot (3^e). Bref autant de marques qui s’adressent de moins en moins au particulier. Sur le seul mois de mai, Tesla connait une progression de plus de 14.000 % (!) en ayant immatriculé 995 exemplaires, contre 7 l’an passé. Là encore, pas vraiment des modèles achetés par des particuliers même si la marque a considérablement revu ses tarifs à la baisse. Au passage, le Model Y de Tesla est devenu le modèle le plus vendu au monde au mois de mai, devant une kyrielle de Toyota. Signe des temps. En Belgique, la marque américaine immatricule même désormais plus de modèles que Hyundai, Nissan, Mini, Seat, Mazda ou Fiat.

Cela prouve surtout que le particulier, le père ou la mère de famille lambda, est laissé(e) sur la côté de la route. Électrifiés en tout ou en partie, les modèles sont en effet de plus en plus chers alors que le pouvoir d’achat souffre et que les incertitudes diverses s’accumulent à l’horizon. L’annulation du prochain salon de l’auto en janvier prochain, un événement populaire par excellence, semble ainsi confirmer que de plus en plus de marques se détournent de ce marché «de pauvres» (pour rester polis) pour se tourner vers ceux qui ont les moyens, les entreprises et les sociétés, voire vers la mobilité alternative plus dans l’air du temps du politiquement correct. Et tant pis pour ceux qui doivent, par nécessité, renouveler la voiture du ménage. Mesdames et Messieurs les décideurs, nous ne craignez pas de, là encore, laisser la porte grande ouverte aux Chinois qui savent produire bon marché ? Qu’en sera-t-il si, demain, ils décident d’investir un créneau que vous aurez déserté? Errare humanum est, perseverare diabolicum. Se planter une fois d’accord. Mais recommencer ?