Pour faire face à la transition énergétique et au plan de décarbonation du secteur du transport voulu par l’Europe, l’hydrogène utilisé comme carburant semble devenir peu à peu une forme d’eldorado qui solutionnerait tout. Une solution miracle. Bon sang, si c’est si simple, que n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? En fait, des expériences de production d’hydrogène par des éoliennes avaient été menées en… 1923 par un certain John Haldane (1) qui craignait déjà à l’époque une pénurie de… charbon dans son pays, la Grande-Bretagne. Expérience sans suite. Trop cher. Trop compliqué. Pas rentable.
Et produire de l’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau est, lui, tellement énergivore que le bilan environnemental final est lamentable. De l’avis général des experts, «l’avenir de l’hydrogène comme énergie n’a aucun sens du point de vue de la macro-énergie, c’est-à-dire du bilan énergie global. Seule la contrainte législative, accompagnée des généreux subsides usuels, pourra justifier cette aberration énergétique. Le monde politique devrait être plus prudent avant de tirer des plans sur la comète : promettre une solution miracle, à un coût impossible à atteindre, tout en respectant un calendrier de réalisation totalement irréaliste, incompatible avec les innombrables contraintes de tout ordre qu’il faudra vaincre ou contourner, et dont apparemment les politiciens n’ont pas mesuré l’ampleur, ou pire, dont ils semblent ignorer l’existence. De plus, avant de justifier une telle stratégie hydrogène au prétexte que nous devons décarboner notre économie, il faudrait aussi tenir compte que l’UE en 2030 ne contribuera plus qu’à raison de 6% aux émissions mondiales de CO2 ; même une émission européenne nulle en 2050 aura un impact marginal sur le bilan mondial.» (1)
De l’avis général des experts, «l’avenir de l’hydrogène comme énergie n’a aucun sens du point de vue de la macro-énergie, c’est-à-dire du bilan énergie global.»
D’un point de vue strictement scientifique, l’hydrogène comme carburant tient donc du miroir aux alouettes. C’est d’ailleurs ce que confirme notre contributeur Yves Toussaint, docteur en sciences appliquées, dans la carte blanche qu’il nous a fait l’honneur de nous envoyer (voir page 28 de ce numéro). Il y dénonce notamment un choix idéologique sans base scientifique posé par les décideurs politiques européens. Pour étayer leurs décision de tout miser sur l’hydrogène pour après 2035, quand le thermique sera interdit de vente dans l’Union Européenne, et de lever un budget de 14 milliards d’euros destiné à initier ce basculement vers l’hydrogène (présenté comme vert alors que dans la réalité, il est majoritairement produit par ces centrales… au gaz), ils se sont basés sur un rapport émis par… le puissant lobby de l’hydrogène en Europe, regroupant les principales industries actives dans le secteur. Selon lui, il s’agit en l’occurrence «de l’un des pires gaspillages d’électricité verte qui s’annonce.» Bref, avec ce choix de tout miser sur l’hydrogène, l’Europe risque visiblement à terme de devenir une île dans le monde sans qu’aucun bénéfice ni pour les citoyens ni pour le climat ne s’en dégage…
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