Édito 1795
On croyait les choses entendues et définitivement acquises. Ce n’est pas le cas! Le vote par le Parlement européen semblait avoir signé l’arrêt de mort définitif des moteurs thermiques dès 2035. Il suffisait juste d’encore passer une dernière étape pour que la décision soit validée définitivement: le vote au Conseil de l’Union. Une formalité, disait-on. Sauf que le 7 mars dernier, à la surprise générale, l’Allemagne a demandé un report de la décision sine die. Et l’Italie a déjà fait savoir qu’elle ne signerait pas l’accord en l’état. Ces deux pays tentent aujourd’hui, mais très tardivement, d’amender le texte, voire de retarder au maximum sa mise en application en demandant par exemple que les voitures nourries au fuel synthétique (de synthèse et pas d’origine fossile, donc) soient exemptées de cette interdiction.
On pensait le cap établi et nous revoilà dans le brouillard!
On sait que les Allemands (ils ne sont pas les seuls) ont massivement investi dans cette technologie, pour l’heure inaccessible au particulier du fait d’un prix du litre exorbitant. Mais, exorbitante, la technologie électrique ne l’est-elle pas tout autant? On peut éventuellement comprendre les réticences du gouvernement allemand (ou plutôt d’un seul parti de sa coalition), sachant que l’industrie automobile locale pèse plus de 400 milliards d’euros et emploie quelque 800.000 personnes, ce qui en fait de loin l’industrie qui contribue le plus à son PIB. Mais pourquoi ce réveil si tardif? Rouvrir le dossier demanderait plusieurs mois, voire des années, alors que l’on sait que l’objectif de l’Union européenne est d’arriver à la neutralité carbone en 2050. Il faut admettre que de plus en plus de voix s’élèvent, et pas qu’en Europe, pour décrier cette volonté de passer au tout électrique, une décision plus idéologique que scientifique pour certains. D’autres technologies existent et il faut les explorer, disent-ils. Ne serait-ce que pour éviter de se mettre sous la coupe des Chinois qui ont un quasi-monopole sur toute la chaîne de valeur électrique, et de sécuriser nos sources d’approvisionnement en matériaux et énergies. Une nécessité que la guerre en Ukraine a révélé de manière criante. Sans parler des problèmes de cybersécurité que pose la généralisation des voitures électriques connectées au réseau.
Bref, on pensait le cap établi et nous revoilà dans le brouillard même si on savait qu’une réévaluation de la situation aurait lieu en 2026. Aujourd’hui, même cette échéance est remise en cause. Et quand on connaît l’inertie dont fait preuve l’industrie automobile, lourde pas définition, et le temps dont elle a besoin pour se retourner en cas de nouvelles législations et pour s’adapter à des changements continuels, on comprend à quel point le pavé jeté dans la mare par les Allemands et dans une moindre mesure par les Italiens risque de déboussoler plus d’un état-major dans les groupes automobiles mondiaux. La plupart d’entre eux s’étaient en effet déjà mis en ordre de bataille, à coup de milliards d’euros et de dollars, pour ce basculement vers l’électrique qui semblait acquis. Alors, ce bras de fer UE-Allemagne/Italie? Une simple question de vanité ou un véritable blocage? Les semaines à venir seront en tout cas cruciales.
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