« Les raisons sont diverses et bien connues. En premier lieu, et on a tendance à l’oublier, il y a probablement le fait que la moyenne des conducteurs fait moins de kilomètres par an, pour compenser, en partie, l’augmentation énorme du prix de l’essence. Ils ont donc tendance à changer moins rapidement de voiture que précédemment. Ensuite, il y a le climat économique général, qui incite bien sûr un certain nombre de personnes à faire des économies pour le cas où… (…) Devant le comportement lamentable de nos autorités politiques, la majorité silencieuse adopte une attitude de prudence en minimisant ses investissements, notamment dans le domaine automobile. (…) Un troisième facteur qui joue un rôle important dans l’attentisme de certains de nos compatriotes est l’espoir (…) que nous sommes à la veille de voir sortir de nouveaux moteurs réglés électroniquement afin de diminuer encore leur consommation de carburant. Avec l’essence à 25 F le litre, on comprend l’intérêt que ceci suscite ». En lisant le mot «franc», vous aurez compris que ces propos ne datent pas d’aujourd’hui. De fait, ils ont été publiés en guise d’édito dans le Moniteur Automobile du 20 novembre 1980. Il y aura bientôt 42 ans! Quand l’essence coûtait donc… 0,62 €/litre selon une conversion très approximative. Approximative, mais d’autant plus parlante aujourd’hui avec un prix qui dépasse largement les 2 €/litre, la perspective d’un prix à 3 €/litre ne tenant même plus de la science-fiction.
« Avec l’essence à 25 F le litre, on comprend l’intérêt que ceci suscite… »
Pour rappel, la crise des gilets jaunes en 2018 avait été déclenchée parce que le prix du litre d’essence dépassait 1,60 €. En 2022, …rien à part une forme de résignation molle ! En 42 ans, nos voitures ont certes adopté des « nouveaux moteurs réglés électroniquement » qui leur permettent de consommer largement moins qu’à l’époque à cylindrée et puissance équivalentes, et surtout de rejeter des gaz nettement moins nocifs. Mais cette baisse généralisée de la consommation de nos chères autos ne comble bien sûr pas l’évolution galopante du prix de l’énergie. Or, le prix du litre de carburant est déterminé à hauteur d’environ 40 % par des taxes, accises et cotisations prélevées par l’État qui, par-dessus, ajoute encore 21% de TVA. Une TVA (taxe) sur des taxes donc… Si bien que sur les 2 € d’un litre, plus d’un euro repart vers les finances publiques. En résumé, quand nous trinquons, l’État s’enrichit. Le 14 mars dernier, le gouvernement a néanmoins décidé une baisse des accises de 0,175 €/litre qu’il allait ponctionner sur la manne financière que lui a rapporté l’évolution du prix de l’énergie. C’est une goutte d’eau dans l’océan des augmentations diverses mais on sait que sa marge de manœuvre est étroite. Car si l’État belge est celui en Europe qui ponctionne le plus ses citoyens, c’est aussi celui dont les finances sont au plus bas et ses services régaliens (justice, enseignement, santé, infrastructures…) au bord de l’effondrement. Cherchez l’erreur. « On en revient donc toujours malheureusement à la politique où l’on sait que le courage ne brille guère et l’imagination encore moins ! », écrivions-nous il y a… 42 ans !
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!