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Edito / Généralistes d’aujourd’hui, premiums de demain?

Rédigé par Xavier Daffe le 30-01-2019

Ceux qui s’arc-boutent sur les certitudes d’hier risquent de déchanter demain...

Et si le vent était en train de tourner? Pendant des décennies, les constructeurs allemands ont bâti une partie de leur réputation et donc de leur image de marque (et donc aussi de leurs résultats financiers plantureux) au départ de berlines et de coupés super-puissants, super-performants, super-équipés (souvent en option), donc super-lourds et super-aptes à dévaler les Autobahn allemandes à 250 km/h. Et pendant longtemps, ça a marché. Dès qu’un jeune sortant de l’école trouvait un boulot pour lequel il avait droit à une voiture de société, il ne rêvait que de Série 3 ou autres «MercAudi». Une position dominante dans le haut de gamme qui a aussi peu à peu instillé une forme d’arrogance face aux Français, Asiatiques ou autres. Un dédain maintes fois constaté lors de conversations informelles avec l’un ou l’autre ingénieur teuton, pendant des présentations de presse. «Peugeot? Ce serait bien qu’ils se contentent de faire des moulins à poivre!» m’a ainsi glissé un jour un ingénieur allemand (d’une marque que je ne citerai pas…), peut-être un peu porté sur l’apéro. Aujourd’hui, Peugeot, pardon, PSA a racheté Opel et met des dirigeants français à la tête de la marque allemande en Europe. Voir, par exemple, l’interview de Xavier Duchemin, nouveau patron d’Opel Europe pour les ventes, l’après-vente et le marketing. Le contexte global, sous la pression des évolutions environnementales, change aussi la donne. Les constructeurs de voitures historiquement plus faiblement motorisées sont aussi moins impactés par les nouvelles réglementations antipollution. Ils y sont plus prêts «par nature» que ceux qui pensent 6, 8, 10 ou 12 cylindres. On peut le regretter, mais c’est comme ça. D’où une électrification forcée des gammes sous peine de se voir puni financièrement à terme en cas de dépassements des émissions de CO2 et autres. Même Porsche se prépare à hybrider sa mythique 911; demain il sera impossible de faire autrement. Sera-ce moins bien pour autant? Il faut voir. Après tout, cela fait longtemps que des hybrides gagnent au Mans et ça ne dérange personne. La F1 y est passée et demain, ce sera au tour des WRC de s’y mettre. C’est la marche de l’histoire. Car le rapport à l’automobile change à une vitesse de dingue, sa perception par les plus jeunes générations est radicalement différente de celle qui prévalait il y a encore 10 ans. Ce qui excite aujourd’hui les 18-25 ans n’est plus ce qui passionnait ceux qui en ont aujourd’hui 40, 50 ou 60. Bien sûr, c’est encore eux qui ont le pouvoir d’achat. Mais lentement, le glissement se fait. Ceux qui s’arc-boutent sur les certitudes d’hier risquent peut-être de déchanter demain… 

Rédacteur en Chef Le Moniteur Automobile

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