Edito / I Have a Dream

En cette période de fi n d’année où les bons voeux ressortent de la naphtaline et les bonnes résolutions de leur torpeur, faisons un rêve… 2015 sera l’année où les sacs verts, bleus, rouges auront compris qu’en bloquant les carrefours, les autoroutes, les trains, les écoles, les hôpitaux, les aéroports, ils ne servent en rien leur cause et que – sans se prononcer sur la pertinence des revendications – on ne peut s’empêcher de penser que les méthodes sont celles d’une autre époque. D’un autre siècle. Oui, en 2015, les trains circuleront sans constamment mettre le navetteur aux aguets, dans la crainte d’une grève plus ou moins sauvage. Oui, le navetteur pourra compter sur des trains en suffisance, ponctuels, fiables, confortables et les réseaux de transport intégrés constitueront un maillage efficace et pratique entre parkings de dissuasion, trains, métro et bus. Et deux-roues, pourquoi pas?

Oui, l’automobiliste qui a besoin de sa voiture, parce qu’elle est un plaisir mais aussi parce qu’on n’a encore rien inventé de mieux pour une mobilité individuelle qui soit flexible, constamment disponible et peu sujette à la grève, cet automobiliste-là pourra compter sur un réseau routier de qualité, fluide, sécurisant. Et s’il opte pour «l’intermodalité» (un terme que les politiques apprécient, comme tous les mots creux…), il pourra compter sur des bornes de recharge pour sa voiture électrique qui l’attendra la journée, à sa gare départ, quand il est au boulot. Oui, en 2015 les différentes régions et niveaux de pouvoirs du pays s’entendront sur une législation uniforme, compréhensible et logique en matière de taxation, de fi scalité automobile, voire de Code de la route. Oui, en 2015, les autorités publiques mettront en place une vraie grande politique de mobilité concertée, ambitieuse, volontariste et basée sur du long terme, avec une vraie vision. Oui, en 2015, les mesurettes auront vécu. Oui, en 2015, les egos de nos édiles auront dégonflés et les luttes de clan, de caste et de personne se seront effacées au profi t d’une action inscrite dans la durée, au service du citoyen et du pays. Oui, le rêve continue.

Mais au vu de ce que nous réserve les semaines, les mois à venir, on peut craindre un réveil brutal. Comme une affreuse gueule de bois. Alors, en attendant, faisons tous ensemble le rêve d’une trêve heureuse, le temps des fêtes de fin d’année. L’ensemble des équipes qui, semaine après semaine, vous concoctent le magazine que vous tenez entre les mains vous souhaite le meilleur pour 2015. Et pas qu’en rêve…