On nous fait parfois le reproche sur les réseaux sociaux, véritable déversoir où le meilleur a souvent du mal à surnager dans le fort courant du pire, de trop parler de voitures électriques ou hybrides. «Rendez-nous nos V6 et nos V8, arrêtez avec ces cochonneries sans avenir, rien à f… de ces poubelles…» Eh oui, ça vole parfois haut! C’est oublier que ce n’est pas nous qui faisons les tendances et qu’en tant que journalistes automobiles, il nous appartient de traiter les nouveautés dévoilées par les marques… automobiles! Lesquelles, poussées dans le dos, n’ont d’autre choix que de se tourner vers l’électrification pour répondre aux normes environnementales de plus en plus strictes. Bien sûr, on peut débattre de la pertinence de ces normes ou pointer du doigt le fait que l’industrie automobile est placée, par nombre de dirigeants et de citoyens bien-pensants, au centre de tous les maux. C’est oublier, comme le précise un rapport de l’OCDE, cité dans l’interview que nous publions en page 29, que l’automobile paie déjà environ 85 € de taxes par tonne de CO2 émise alors que les autres secteurs industriels ne paient quasi rien. A titre de comparaison, le secteur de l’électricité, par exemple, ne contribue qu’à hauteur de 7 € la tonne! Bref, oui, nous parlons de voitures électrifiées parce que leur importance relative sur le marché européen ne cesse de croître et que l’offre se multiplie. C’est ainsi que si les voitures électriques, hybrides et hybrides rechargeables représentaient – ensemble – une part de marché de 7,4% en Europe lors du premier trimestre 2019, cette proportion est passée à 16,2% sur la même période 2020, tandis que les Diesel passaient de 33,2 à 29,9% et les «essence» de 57,7 à 52,3% (données ACEA: le solde étant dévolu aux CNG, LPG et autres...). La pompe électrique est-elle amorcée pour autant? Ce serait aller un peu vite, car les freins restent nombreux. A commencer par un maillage de stations de recharge encore à développer. Et là, les constructeurs ne peuvent plus jouer seuls: ils doivent être accompagnés par une stratégie politique qui, semble-t-il, commence à se mettre en œuvre au niveau européen. Selon les estimations de la Commission elle-même, il faudrait environ 2,8 millions de bornes publiques en Europe d’ici 2030, soit 15 fois ce qui existe actuellement, pour rencontrer les exigences de son «Green Deal» et réorienter la stratégie industrielle post-Covid. Sans parler des stations à hydrogène, qui doivent consolider cette transition à plus long terme. Donc, oui, nous parlons d’hybrides et d’électriques, mais ça ne nous empêche pas de parler aussi de 911 Turbo S, de Caterham, de Combi VW T2… porteurs de rêves et de passion, deux sentiments qui nous animent plus que tout, deux éléments fondamentaux dans un contexte déstabilisant. Et ça aussi, nous continuerons à le faire! Parce que l’automobile est aujourd’hui plus protéiforme que jamais.
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