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Edito / La voiture, cette mal-aimée

Rédigé par Xavier Daffe le 08-01-2020

«Il y a 10 ans, une voiture qui consommait 10 l/100 km, c’était normal. Aujourd’hui, elle consomme 5 litres, mais c’est déjà trop».

Dieu que ce monde – politique – est volatil, prompt à réagir dans l’urgence dès le moindre frémissement dans l’opinion publique, quitte à ce que ce soit dans l’immédiateté imposée par Twitter et autres, par des décisions populistes et dénuées d’arguments scientifiques. Ne parlons même pas des conséquences de mesurettes dénuées de vision à long terme et de la moindre cohérence. Vous connaissez la dernière? La ville de Gand, qui a mis en place une zone basses émissions dans son centre-ville depuis le début de cette année, va devoir acheter pour elle-même et pour plus de 100.000 € des dérogations pour laisser entrer ses véhicules communaux, trop anciens. Donc, récapitulons. Vous êtes un simple citoyen et vous possédez une voiture jugée trop vieille? Dehors! En revanche, vous avez les moyens? Vous pouvez acheter des dérogations. Dérogations qui vous donneront de facto le droit de polluer, donc. Si ça ce n’est pas une lutte contre le réchauffement climatique et la pollution urbaine à deux vitesses, c’est quoi? Par ailleurs, si vous êtes une administration communale et que votre «propre» flotte est interdite d’accès à votre «propre» centre-ville en zone basses émissions, eh bien vous achetez des dérogations… sur le compte des finances publiques. Donc du contribuable. Magnifique, non? Un cas isolé? Que nenni. La police de la Ville de Bruxelles est confrontée au même problème et demande à ses agents d’avancer le montant de la dérogation pour leurs trop vieilles voitures banalisées de service, avant de les rembourser. Aux frais, de nouveau, du contribuable. On vit une époque formidable. Mais bon, entre les zones 30, les annonces de bannissement des voitures thermiques à terme dans les villes, les fiscalités disparates entre régions d’un pays pourtant insignifiant à l’échelle du globe, un avènement supposé de la voiture électrique alors que rien ne se passe pour créer les conditions de son essor, l’«auto-bashing» connaît de beaux jours. Oui, l’auto est la mal-aimée comme le rappelait récemment Didier Leroy, n°2 de Toyota, dans les colonnes des Échos: «Il y a 10 ans, une voiture qui consommait 10 l/100 km, c’était normal. Aujourd’hui, elle consomme 5 litres, mais c’est déjà trop. Mais sait-on que dans le même temps, on est en train de construire 500 centrales à charbon dans le monde, créant ainsi plus de pollution que ce qu’on pourrait gagner avec les voitures électriques?». Bon, il plaide pour sa chapelle, d’accord. Mais comment ne pas lui donner raison quand il appelle à plus de rationalité dans les débats et de sens commun?

Rédacteur en Chef Le Moniteur Automobile

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