«L’histoire est un balancier dont l’équilibre s’acquiert par l’alternance des extrêmes», dit l’auteur Bernard Willems-Diriken. Appliqué à l’automobile, cet aphorisme recouvre le fait que, pendant grosso modo 30 ans, les fameuses 30 glorieuses, et dans la foulée de l’émancipation consécutive à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la voiture été vue comme un formidable moyen de liberté individuelle et de développement économique. Avec le plein emploi, le haut pouvoir d’achat d’alors et les prix plancher du pétrole, l’auto a été, pendant cette période insouciante, le centre de gravité du développement économique, sociologique et urbanistique de nos sociétés, alors en pleine croissance. Tout a tourné autour d’elle, tout a été construit autour d’elle et tous, nous en avons profité sans nous soucier du lendemain, comme si ce bonheur était fait pour durer l’éternité. Avec le recul, on sait aujourd’hui que ce «tout à l’auto» a été néfaste. On le voit dans nos villes encombrées, sur nos réseaux routiers saturés: il n’y a rien de plus idiot qu’une voiture immobilisée dans un bouchon. Ces années d’insouciance sont aujourd’hui derrière nous et le mouvement du balancier de l’histoire a amorcé sa marche de retour. Le statut social de la voiture change à grands pas, sa perception par une marge de la population devient négative et il devient de plus en plus mal vu de se dire «passionné d’automobile». Certains, dans une hystérie subite, veulent s’en débarrasser, la chasser, la bannir de nos choix de mobilité. Il deviendrait vertueux de s’en détourner. Ne plus apprécier ses avantages devient un snobisme bobo. Snobisme de certains qui sont pourtant contents de profiter de la voiture… des autres au besoin, contents de partir en vacances en avion pour pas cher, d’aller polluer les mers et les côtes dans des navires de croisière sans cesse plus nombreux, de faire leurs achats «tech» sur Internet et ainsi faire les beaux jours d’Amazon, l’une des entreprises les plus néfastes qui soit pour l’environnement. Cette minorité autoproclamée verte est la plus audible. Mais est-elle pour autant la plus représentative? En étant sociologiquement «urbains» et «plutôt aisés», ces «bobos» («un mélange de personnes au capital culturel et économique élevé», dit le sociologue Bernard Lahire), font par exemple fi des difficultés de déplacement, surtout en milieu rural et périurbain, par suite du désengagement des transports publics. Oui, le «tout à l’auto» a été trop loin à une époque. Il faut l’admettre. Mais aujourd’hui, le balancier de l’histoire repart à une vitesse folle dans l’autre sens, semant dans son sillage des relents d’intégrisme. Or le besoin de déplacement individuel est, et restera, vital. Quelle forme prendra-t-il à l’avenir? C’est toute la question…
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