Sous l’ère américaine de General Motors, Opel n’avait plus dégagé de bénéfices depuis… 1999! Dans la foulée, le groupe de Detroit avait coulé Saab. C’était en 2011. Et Pontiac. Et Saturn. Et Hummer. Et Oldsmobile. Avait revendu sa participation dans Subaru à Toyota et s’était désengagé de sa participation dans Suzuki. Avait revendu Lotus et retiré Daewoo et Chevrolet du marché européen, jugé peu rentable. Avait annulé ses accords avec Fiat, ce qui lui avait coûté 1,5 milliard de dollars. S’était retrouvé au bord de la faillite et n’obtint son sauvetage qu’en se mettant sous perfusion de l’Etat américain. Du contribuable, quoi! Too big to fail, trop grand pour chuter; Barack Obama, président des Etats-Unis à l’époque, avait alors renfloué les caisses. Etrange de voir comment les bénéfices peuvent être privatisés et répartis entre actionnaires alors que les dettes sont d’office renvoyées vers les caisses publiques. Soit. Mais l’hémorragie ne s’était pas arrêtée et, convaincu qu’Opel ne sortirait jamais du rouge, GM l’avait revendu, presque soulagé, au groupe français PSA à l’automne dernier. Carlos Tavares, le patron, passait alors pour un fou, d’aucuns jugeant les marques Citroën, Peugeot et Opel trop proches pour ne pas se marcher sur les pieds. Tu parles, Charles! Au terme des 6 premiers mois de 2018, Opel revient dans le vert et dégage ses premiers bénéfices depuis près de 20 ans! Certes, on ne parle que de 6 mois et le redressement devra se confirmer sur le long terme. N’empêche, le retournement de situation est impressionnant. Alors, de deux choses l’une: les dirigeants américains de GM qui pilotaient Opel depuis Detroit étaient des branques (ce que l’accumulation de bourdes impressionnantes donnerait à penser) ou Carlos Tavares a réussi un coup de génie, comparable à celui de Louis Schweitzer, le patron d’alors de Renault qui avait poussé au rachat de Dacia en 1999. Sa santé mentale avait, elle aussi, été mise en doute à l’époque. Avec le recul, les sarcasmes ont passé le témoin à l’admiration face à la capacité d’anticipation d’un vrai visionnaire. En ira-t-il de même cette fois? Les chiffres semblent en tout cas donner raison à l’emblématique patron de PSA, qui, après avoir sauvé son groupe de la banqueroute en très peu de temps et redressé Opel encore plus rapidement est aujourd’hui assis sur un matelas de plus de 8 milliards d’euros (source: Les Echos) qui doit lui permettre d’envisager la décennie 2020-2030, celle que tous les analystes considèrent comme cruciale pour le secteur auto, avec une certaine sérénité et… quelques moyens.
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