Edito / Voilà, c’est fini…

Au moment où sortira ce numéro du Moniteur Automobile, le salon de Genève aura fermé ses portes sur un triple constat: l’électricité s’immisce partout, le règne des SUV ne se dément pas et l’excentricité n’a pas de limite. L’électricité d’abord. Elle permet d’une part la création de petits concepts de mobilité intéressants, essentiellement urbains, mais dont l’architecture de base tarde cependant à marquer une rupture nette avec les volumes classiques d’une automobile traditionnelle. Alors qu’au contraire, les batteries à plat, la compacité des moteurs, l’absence de réservoir devraient permettre d’imaginer des concepts plus innovants en ce qui concerne l’habitacle, la répartition des occupants, l’agencement des surfaces vitrées… Un peu d’imagination, que diable! A l’autre bout de l’échelle, elle devient une solution incontournable pour les constructeurs de supercars confrontés à des impératifs de réduction des émissions polluantes et de CO₂
en permettant à ces missiles de 700, 800 voire 900 et pourquoi pas 1.000 ch de consommer artificiellement peu. Car en recourant à des moteurs électriques pour certaines phases cruciales de leurs cycles routiers, ce mode de propulsion, en dehors duquel point de salut semble-t-il,  vient bien à leur secours. Les SUV ne sont pour leur part pas en reste, et même les marques qui avaient dit «jamais» s’y mettent ou annoncent vouloir le faire: Bentley, Lamborgini, Alfa Romeo, Maserati… En attendant Ferrari?
Et éventuellement, là encore, en s’aidant de l’électricité pour se donner bonne conscience. Car, en fin de compte, rabaisser un SUV pour (tenter de) le rendre sportif est déjà une hérésie en soi. Mais si, en plus, on l’hybride pour (tenter de) masquer les mauvaises influences d’un poids pachydermique et d’une aérodynamique de semi-remorque, on se demande si on ne marche pas sur la tête. Mais bon, ils se vendront, alors pourquoi s’inquiéter? Tout comme se vendront très bien, dans quelques régions du monde qui rêvent d’organiser des Jeux olympiques d’hiver en plein désert, ces coupés plus ou moins artisanaux dont certains dépassent les 2.000 ch (sur le papier glacé du dossier de presse en tout cas) et parfois largement aussi les 2 millions d’euros l’unité. Pourquoi se priver? Voilà, c’est fini, le palais des délires a fermé ses portes. Rendez-vous dans quelques mois, quelques années pour voir sur nos routes sur quoi tout
cela aura débouché…