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Edito / We want our money back

Rédigé par Xavier Daffe le 12-01-2018

Est-il si sot de se demander où peut bien partir «notre» argent?

Nous voulons récupérer notre argent; c’est en ces termes que Margaret Thatcher, alors Première ministre britannique, avait tancé les autorités européennes lorsqu’elle considérait que son pays payait trop par rapport à ce qu’il recevait en retour de «Bruxelles». Sans être un fan de la Dame de fer, loin de là, on a presque envie de reprendre son mantra quand on voit ce qui se passe dans notre pays, dont on a l’impression qu’il est géré à la «six-quatre-deux» depuis des décennies. C’est vrai: est-ce faire preuve de populisme que de s’étonner de ce que la Belgique apparaît régulièrement dans le top 3 des pays les plus taxés au monde, essentiellement pour ce qui concerne l’impôt sur le revenu, alors que, dans le même temps, les fonctions régaliennes que l’on serait en droit d’attendre en retour de la part de l’Etat sont toutes en état de déliquescence avancé? Comment comprendre, en effet, que nos salaires s’évaporent pour une bonne part en impôts alors que la plupart des services publics n’ont plus de service et de public que le nom? Payer des impôts, si c’est pour avoir un réseau routier de qualité, c’est-à-dire à même de développer la mobilité, donc l’économie du pays, mais aussi capable d’assurer la sécurité de ceux qui l’empruntent, d’accord. Mais dans ce domaine précis, une récente étude du Forum économique mondial pointe la Belgique au 46e rang mondial pour la (très piètre) qualité de ses routes, derrière des pays comme le Rwanda, l’Azerbaïdjan ou encore le Swaziland… Parmi nos voisins, la Suisse est 3e, les Pays-Bas sont 5es, la France est 7e… Un cas particulier, les routes? On pourrait évoquer d’autres fonctions étatiques, comme l’enseignement, parent pauvre régulier des investissements publics, comme le soulignent à répétition les différentes études PISA, l’état de délabrement de la plupart des bâtiments scolaires ou du moral des enseignants. Evoquons aussi les cas de la justice, en manque criant de moyens et dont la plupart des «palais» tombent en ruine, de la police, dont certaines zones sont incapables de se payer ne serait-ce que des pneus hiver pour leurs véhicules, de la sécurité sociale et du secteur des soins de santé, dont les acteurs de terrain sont à bout de souffle, des pensions, dont on se demande quel sera leur avenir, des prisons, régulièrement montrées du doigt pour le traitement inhumain qu’elles réservent à leurs détenus… Quant aux transports publics, SNCB, TEC, STIB etc., faut-il encore en parler? Bref, en écho à ces innombrables décrépitudes régaliennes, est-il si sot de se demander où, dès lors, peut bien partir «notre» argent?

Rédacteur en Chef Le Moniteur Automobile

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