Au début des années 2000, Mazda cherche à remplacer sa 626 après 5 années de bons et loyaux services. Il s’agit alors d’une très bonne berline, bien que placide. Le constructeur de Hiroshima cherche alors à changer l’image de la marque en Europe. C’est ainsi qu’en 2002 sort, à la surprise générale, la Mazda 6 (Atenza au Japon). La première nouveauté est le changement de nomenclature. Exit 323 et 626 à l’exportation, bonjour Mazda 3 et 6. Mais ce qui fera parler d’elle, c’est son dessin. On passe alors d’une énième voiture japonaise sans histoire à une splendide berline à tendance sportive. Lignes dynamiques, détails très jeunes tels les feux librement inspirés de ceux de la Lexus IS, très en vogue dans l’univers du tuning… Disponible en berline tricorps, 5 portes et break. Elle inaugure chez nous une nouvelle génération de moteurs MZR à bloc en aluminium (sauf pour le Diesel MZR-CD, en fonte). Ne manquait plus qu’une version sportive, rendant justice à ses lignes acérées. Un prototype MPS était déjà présenté en 2002, mais il s’est fait attendre jusqu’à sa sortie en 2005…
Zoom-Zoom sur le design
Par rapport à sa sœur moins puissante, la MPS jouit d’une esthétique totalement retravaillée. Tout d’abord, le concept de 2002 était basé sur une version 5 portes. Le modèle de série sera intégralement basé sur la 4 portes. Afin d’asseoir ses prétentions, elle dispose d’un kit de carrosserie complet: pare-chocs à ouverture béante et calandre spécifique, bas de caisse avec portière dépourvue de garniture, ailes larges, pare-chocs arrière avec diffuseur, capot gonflé (dans le but de faire de la place pour loger l’aération du turbo), fin becquet arrière. L’ensemble est assis sur des jantes de 18 pouces. Même si elle annonce de façon peu subtile son gain de puissance, elle le fait avec grâce. En cette décennie faisant la part belle au tuning et aux appendices aérodynamiques démesurés, voilà qui est rafraîchissant.
À l’intérieur, on retrouve le tableau de bord de la 6, face auquel on se sent bien pour conduire. Peu d’évolutions, hormis les sièges baquets en cuir à réglage électrique. Le niveau d’équipement unique propose un GPS (escamotable au-dessus des aérateurs centraux) à télécommande, une installation audio haut de gamme à 7 haut-parleurs et chargeur de 7 CD à commandes au volant. Sportive oui, mais grand confort.
4 cylindres turbocompressé
Sous le capot se glisse un 2,3 litres de la gamme MZR que l’on connaissait dans sa version atmosphérique de 166 ch. Ici équipé d’un turbocompresseur soufflant à 1,07 bar, il permet 260 ch à 5500 tr/min. De quoi emmener cette lourde berline (1620 kg, aux antipodes du poids plume) à 240 km/h et atteindre les 100 km/h en 6,6 s. Certes, le 4 cylindres n’a pas les vocalises de ses concurrents à 6 cylindres, mais il offre bien plus d’arguments qu’il ne le laisse transparaître.
Transmission intégrale mais pas 4X4
La 6 repose sur la même plateforme, donc les mêmes éléments de suspension, que la Ford Mondeo de seconde génération et la Jaguar X-Type. La 6 MPS se distingue de ses consœurs par son innovante transmission intégrale. Dotée d’un répartiteur de couple « intelligent » situé près du différentiel (à glissement limité, comme celui de la RX-8), celle-ci permet, selon les conditions de conduite ainsi que la route, de transférer jusqu’à 50 % du couple à l’essieu arrière. Tout y a été passé en revue : le virage, l’ouverture des gaz, l’angle de braquage, l’état de la route… Trois modes de conduite sont alors possibles : le premier, dit « normal », où l’essentiel du couple est dirigé vers le train avant, « sport », où jusqu’à 50% va à l’arrière, et « stabilité », où le couple est réparti de manière égale entre l’avant et l’arrière. Attention : on ne parle pas de véritable quatre roues motrices, l’essentiel du couple allant vers l’avant (traction), et vers l’arrière seulement quand la situation le requiert. Considérons cela comme une répartition active du couple. En situation « de détresse », l’équilibre de la Mazda change afin de calculer la meilleure trajectoire. Désarçonnant lors des premiers virages attaqués avec trop d’optimisme. Chose suffisamment rare pour être mentionnée : l’ESP est déconnectable !
À l’usage, la Mazda 6 MPS a deux visages. Son habitabilité exceptionnelle, qu’elle partage avec la Mondeo II (quoique légèrement inférieure dans la cousine de Hiroshima), son intérieur d’office en cuir, des suspensions relativement souples et une insonorisation en conséquence (qui a dit « castratrice » ?) aident à en faire une routière exceptionnelle. Ne cherchez pas, on n’est pas chez Subaru ou chez Mitsubishi, spécialistes de la WRC à peine civilisée. Ici, on parlerait presque d’une Grand Tourisme, ou d’un Shinkansen de route… Cependant, le train avant est très incisif et, une fois la bête apprivoisée, elle permet une conduite très dynamique dans les lacets du Sud de la France. Ceux mêmes qui représentent la fin de votre long trajet de vacances, à quelques kilomètres de votre location. Papa sensible, mais papa « arsouilleur » !
La Mazda 6 MPS fait partie de ces berlines sportives oubliées mais qui nous font plaisir à redécouvrir. Sa ligne est certes très discrète, mais à tomber. Sa cote est soutenue, digne d’une voiture de « connaisseurs », mais demeure un plaisir très accessible : de 4500 à 7000 € vous permettront de trouver soit des exemplaires kilométrés, soit de très beaux modèles. Si le Brexit et la conduite à droite ne vous fait pas peur : on y trouve des exemplaires à 2500 €. Tout ce qui n’est pas Impreza WRX ou trop recherché y est bradé…
La 6 de première génération est peut-être celle qui a le mieux ouvert la voie de ce qui est devenu le Mazda d’aujourd’hui. Des voitures sous-estimées par le grand public, mais très dynamiques à conduire, extrêmement fiables, confortables, plaisantes à regarder, superbement construites… Ni trop Alfa Romeo, ni trop Saab, elles constituent une des niches automobiles les plus grisantes et les plus raisonnées sur lesquelles on peut tomber de nos jours. Rares sont les déceptions. La génération actuelle de 6 est une excellente alternative, même si Mazda a perdu en audace depuis la MPS en ne sortant pas une descendante digne de ce nom. L’époque n’y est pas pour rien. Mais si vous voulez goûter à cette démoniaque berline, alternative aux sempiternels missiles gemaniques, on ne peut que vous y encourager !
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