Industrie et économie / Renault : 9 modèles et 700.000 voitures « made in France »

En pleines négociations avec les syndicats pour un accord triennal régissant la production nationale, les activités techniques et de soutien dans le cadre de sa transition vers les véhicules électriques, Renault a annoncé qu’il visait une production annuelle en France de 700.000 véhicules englobant pas moins de 9 modèles différents.

Valoriser le « made in France »

Si Renault a annoncé la suppression de 2000 emplois en partie compensée par la création de 500 nouveaux postes consacrés aux domaines de la chimie des batteries et de la science des données, le constructeur français veut endiguer la baisse de production nationale. Lancé dans un vaste plan de restructuration qui coûtera 4600 emplois dans le pays, Renault a retrouvé une dynamique légèrement bénéficiaire au premier semestre 2021 après avoir accusé des pertes records de 7,29 milliards € un an plus tôt.

Conformément à la volonté de Luca De Meo de « produire moins mais mieux » et de maximiser la profitabilité des produits, le groupe a déplacé la production de ses modèles populaires vers des pays dont la main d’œuvre est moins onéreuse – Turquie et Maroc en tête – et va concentrer en France la production de modèles « à forte valeur ajoutée, électriques ou utilitaires, qui placeraient la France au cœur de la stratégie industrielle et technologique du groupe Renault ».

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Pour rappel, en 2000, Renault produisait 1,4 million de voitures en France, une valeur réduite de moitié 10 ans plus tard. En 2020, 686.000 voitures ont été assemblées en France avec une proportion plus importante de véhicules utilitaires. En comparaison, Renault a produit la même année 920.000 véhicules en Russie et Turquie, près de 720.000 unités dans la région Afrique-Moyen-Orient-Inde et 676.700 exemplaires en Europe dans des usines non-françaises.

Que faut-il en penser ?

Dans une conjoncture difficile et avec des perspectives assez floues en raison de la transition vers la voiture électrique, l’objectif de Renault de maintenir le volume de production actuel tout en se focalisant sur des modèles électriques peut paraître timoré mais s’avère en réalité déjà ambitieux.

Par contre, le discours prônant la production de modèles à forte valeur ajoutée et donc à marge plus importante laisse un peu perplexe dans le cadre de véhicules électriques compacts – Renault 4 et Renault 5 entre autres – dont le principal poste de « coût » concerne la batterie, très onéreuse. Si Renault veut proposer ces modèles à un tarif compétitif tout en se dégageant une marge « confortable », il devra – a priori – opter pour des batteries de plus faible capacité, moins chère mais offrant une autonomie réduite. Comment cela sera-t-il accueilli par la clientèle potentielle ? Le succès peut-il être au rendez-vous ? Le risque est grand, mais gageons qu’il est calculé et, de toute façon, Renault a-t-il seulement le choix ?